Au cœur d'un site splendide à proximité de Mardié (Loiret), dans l'agglomération orléanaise, le chantier du nouveau pont sur la Loire a démarré en septembre dernier, après des années d'études et de multiples recours en justice. Ce viaduc de 570 m de long s'inscrit dans le projet de déviation de la RD 921 entre Jargeau et Saint-Denis-de-l'Hôtel, un tronçon de 15 km destiné à désengorger ces communes. Conçu pour résister à une crue cinq-centennale, l'ouvrage à caissons mixtes, au profil effilé, comptera six travées, dont deux longues de 115 m, et six appuis.

Un an après l'attribution du marché, les aménagements préparatoires sont bouclés. Ils comprenaient notamment la création de voies d'accès, l'installation de barrières à batraciens et la mise en place des deux estacades, ces ponts provisoires installés par l'entreprise Leduc qui permettront de travailler dans le lit de la Loire. Après la pose des batardeaux au niveau des futures piles, le forage des fondations démarre tandis que, côté sud, le remblai sur lequel s'appuiera le pont est, lui, quasiment fini.

Reste que ces opérations, comme celles qui suivront, relèvent de la gageure étant donné l'environnement dans lequel s'inscrit le chantier. « Nous sommes soumis à des contraintes très fortes, sur le plan géologique comme écologique », note Yoann Rey, chef de projet chez Baudin Chateauneuf, le mandataire du groupement retenu par le département du Loiret en mai 2021 pour ce marché de conception-réalisation. La première grande difficulté tient à la présence de nombreuses cavités et veines où circulent des eaux souterraines. Pour éviter tout problème au niveau des fondations, les piles reposeront sur des pieux (six par appui) ancrés dans le calcaire entre 20 et 30 m de profondeur. Dans la zone karstique, il faudra éviter que le béton s'épanche dans les vides. Il sera donc coulé dans de gros tubes métalliques de 1 400 mm de diamètre, vibrofoncés et battus au marteau hydraulique jusqu'à la bonne cote. Plus bas, au niveau de la couche géologique « saine », le forage se poursuivra sans tubage, en ajoutant une chaussette géotextile de protection en cas de cavité.

Interruption printanière. L'autre contrainte majeure du chantier tient à la protection de la faune et de la flore, qui exige un planning millimétré « extrêmement compliqué à gérer ». Dans ce site classé Natura 2000 où l'on recense 25 espèces animales protégées, les travaux dans le lit mineur de la Loire doivent impérativement cesser durant la période de reproduction du 15 mars au 1er août ou 1er septembre, selon les espèces. « Il a donc fallu concevoir une organisation particulière qui nous a mis beaucoup de pression cette première année », raconte Yoann Rey.
Spie Fondations réalise actuellement les fondations profondes hors du lit de la Loire, avant celles dans le fleuve à partir d'août. En parallèle, la construction de la charpente métallique a démarré chez Baudin Chateauneuf à quelques kilomètres du chantier, en vue de lancer le pont en 2023, une fois les piles réalisées. La livraison est, elle, attendue pour 2025, tout comme l'achèvement du reste du chantier. Deux autres ouvrages d'art sont en effet prévus, l'un pour enjamber une voie communale et l'autre, plus large, pour assurer l'écoulement des eaux en cas de crue, entre le remblai du viaduc et la levée de la Loire.