Après plus de dix ans de travaux, le tunnel de Tende, qui relie par la route la vallée de la Roya en France au Piémont en Italie, a été inauguré ce 27 juin en fin de journée. L’événement, qui s’est tenu en présence de Philippe Tabarot, ministre français des Transports, et de Matteo Salvini, vice-président du conseil des ministres, ministre des Infrastructures et des Transports italien, ne sera pas suivi par la mise en service immédiate de l’ouvrage long de 3,2 km situé à l’extrémité nord de la RD6204, à cheval sur la France (1,4 km) et l’Italie (1,8 km). En effet, les habitants de la région devront patienter quelques semaines avant de pouvoir l’emprunter. La société des autoroutes italienne, maître d’ouvrage délégué de l’opération, réalise actuellement les tests de sécurité. Des barrières habillées de filets orange délimitent encore le chantier, confié à l’Italie et cofinancé avec la France, respectivement à hauteur de 58,35 % et de 41,65 %, proportionellement à la distance de part et d’autre de la frontière.
Aléas
Fruit d’une convention signée entre les deux pays en 2007, la réalisation du tunnel a connu de nombreux aléas. Débutés en 2015, les travaux de percement ont été arrêtés deux ans plus tard. En 2017, la guardia di finanzia interpelle seize personnes, de l’ouvrier au chef de chantier, dans les rangs de l’Anas et de l’entreprise de travaux Fincosit en charge du projet, en raison de la disparition de 200 tonnes de matériaux. Stoppé, le chantier reprend suite à l’attribution du marché en mai 2020 au consortium turinois Edilmaco.
Dans la nuit du 2 au 3 octobre 2020, la tempête Alex donne un nouveau coup d’arrêt. Une très importante avalanche coupe l’accès historique au col de Tende, sur la route de Limone (Piémont) en Italie causant des dommages majeurs. Elle a notamment détruit les viaducs d’accès au tunnel, obligeant à rectifier le tracé à sa sortie côté français.
Report
Les travaux reprendront finalement en 2022 avec un budget qui a dérapé entraînant le report de la remise en état du tunnel historique. Celui-ci devait permettre à terme une circulation simultanée dans les deux sens. Pour l’heure, faute de financements, ce volet de l’opération n’est pas encore programmé. En attendant, les automobilistes emprunteront le seul nouveau tube et circuleront en mode alterné.
Regrettant la livraison d’un ouvrage « partiel » et un « coût réel bien plus élevé » que celui de 254 millions d’euros prévu initialement dans la convention signée en 2007, Charles-Ange Ginézy, le président du conseil départemental des Alpes-Maritimes et cofinanceur de la partie française, annonce dans un communiqué « un coût supplémentaire de 70 millions d’euros par rapport aux engagements initiaux, soit plus de 320 millions d’euros, pour espérer terminer ce qui aurait dû être livré depuis longtemps ».
Surcoût lié à la tempête Alex
Avec une enveloppe prévisionnelle entre 200 et 220 millions d’euros HT, le projet initial consistait à mettre aux normes un ouvrage construit entre 1878 et 1882 et de construire un nouveau tube parallèle. Il s’agissait par ailleurs de rectifier, côté français, les derniers lacets de l’accès au tunnel, de réaliser l’alésage du tunnel actuel pour lui donner les mêmes caractéristiques que la partie neuve, ainsi que de creuser les 13 by-pass entre les deux tunnels. Le coût est monté à 330 millions d’euros HT, dont 200 mobilisés pour réaliser le tube neuf, les 13 by-pass, ainsi que les modifications dues à la tempête Alex. S’ajoutent les 130 millions d’euros pour le réalésage et la mise aux normes du tube historique.
