« Stop aux reculs sur l’environnement, néfastes pour les Françaises et Français, néfastes pour l’économie ». Le rapport publié ce mardi par le Réseau Action Climat, qui regroupe 37 associations dont France Nature Environnement, le WWF, Greenpeace, Oxfam France ou encore la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) est sans appel. Chiffres à l’appui, l’association fait état d’une quarantaine de reculs sur les politiques environnementales rien que sur les six premiers mois de l’année. Ce, alors que la préoccupation des Français pour le climat et l’environnement « ne fléchit pas, contrairement à ce que pourrait laisser penser le débat politique ».
Si « ces reculs ont souvent été initiés par l’extrême droite ou la droite républicaine, le bloc central en a soutenu plusieurs ou a été trop divisé pour les contrer. L'absentéisme des députés a également joué un rôle clé dans l’adoption de certaines mesures régressives », pointe le rapport.
Baisse du pouvoir d’achat
Ces reculs sont non seulement dangereux pour l’environnement, le climat et la biodiversité, mais « ils ont aussi des impacts très concrets sur le quotidien des Françaises et Français car ils engendreront une baisse du pouvoir d’achat. « Des dizaines de milliers de rénovations performantes en moins, c’est autant de logements avec des factures d’énergie qui resteront élevées, des menaces sur les emplois » ou encore la santé, illustre le rapport qui vise entre autres la suspension de MaPrimeRénov'.
Energies renouvelables
Parmi ces reculs, les EnR. Alors que la France est en retard dans le développement des EnR, le Réseau Action Climat dénonce la baisse des objectifs par le gouvernement de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) 3 ou encore les mesures adoptées ou en cours de discussion (projet de loi de simplification de la vie économique [SVE], proposition de loi [PPL] de simplification de l’urbanisme, vote du moratoire sur l'éolien et le solaire dans le cadre de la PPL Gremillet, etc.) qui pourraient freiner le développement du renouvelable, et en particulier le solaire sur toiture et parking des grandes surfaces. Ce dernier n’a « quasiment pas de conséquences négatives sur les sols, l’artificialisation ou encore la biodiversité » et génère aujourd’hui plus de 25 000 emplois directs selon l’Observatoire des énergies renouvelables.
ZAN
Autre recul : la lutte contre l’artificialisation des sols. Entre la future loi sénatoriale Trace et le projet de loi SVE, c’est l’objectif de zéro artificialisation nette (ZAN) « qui risque de devenir artificiel », déplorent les ONG. Outre les « fractures économiques, sociales et territoriales » que l’artificialisation engendre (dévitalisation des centres-villes en raison de la multiplication des zones d’activité, augmentation du coût des transports lié à l’étalement urbain…), ce « détricotage continuel » risque de « pénaliser les territoires les plus engagés dans la transition de leur territoire, renforçant les effets d’inertie », alertent les associations.
Biodiversité moins protégée
Même recul concernant le régime de protection des espèces. Déjà très assoupli par la récente loi d’orientation agricole – la répression est désormais limitée aux seuls cas d’atteintes commises intentionnellement ou par négligence grave (art. L. 415-3 du Code de l’environnement)-, il le sera davantage encore avec la future loi SVE : en l’état, le texte prévoit que les projets d’infrastructures et les data centers puissent être qualifiés de projet d’intérêt national majeur, facilitant ainsi l’obtention d’une dérogation espèces protégées.
Dans le contexte actuel d’effondrement de la biodiversité, ces mesures marquent « un renoncement extrêmement grave, remettant en cause les objectifs de préservation et de restauration de la biodiversité que la France s’est fixés ».
A69, un précédent inquiétant pour la démocratie
Quant à la bataille politico-juridique liée à la reprise des travaux de l’A69, au-delà des impacts sur les finances publiques, l’environnement et la santé des riveraines et des riverains, le Réseau Action Climat y voit « un précédent extrêmement inquiétant pour le fonctionnement démocratique de la France ». La proposition de loi portée par le Sénat, relative à la raison impérative d'intérêt public majeur de la liaison autoroutière entre Castres et Toulouse, visant à sécuriser juridiquement le chantier et largement soutenue à l’Assemblée, revient de fait à nier l’indépendance de la justice en remettant en cause ses décisions.
« Si ces reculs persistent, s’il n’y a pas une reprise en main de ces enjeux par la classe politique, ce sont les ménages et les entreprises qui vont en souffrir le plus », prévient le réseau. Les prochaines semaines seront dès lors « décisives avec plusieurs textes législatifs en débat » (SVE, Gremillet, etc.) « et les premières orientations du budget 2026 attendues pour mi-juillet ».