Pierre Anjolras, directeur général de Vinci, peut vanter le modèle de Vinci avec ses trois piliers d'activité (concessions, services à l’énergie et construction) et son organisation multilocale : c'est ce qui a permis au groupe de continuer à performer au 1er semestre dans un contexte macro-économique et géopolitique qualifié de « particulièrement agité, volatil et incertain » par le successeur de Xavier Huillard. La major a ainsi réalisé un chiffre d'affaires de 34,85 Mds€ en hausse de 3,2% sur un an.
En effet, aujourd'hui chez Vinci, quand la construction va (un peu) moins bien (15,66 Mds€ de CA, -0,8 %), les services à l'énergie (13,7 Mds€, +6,2 %) prennent le relais. La progression est notable particulièrement en Allemagne premier marché de Vinci Energies (1,6 Mds €) dans le monde. Le groupe a d'ailleurs récemment annoncé deux projets d'acquisitions avec R+S (191M€ de CA en 2024) et Zimmer & Hälbig (96 M€ de chiffres d'affaires en 2024).
Enfin les concessions (5,7 Mds€ de CA, +7,7 %) sont toujours un bon moteur de croissance.
Fonds de commerce
Il n'en reste pas moins que l'activité historique du groupe souffre relativement. « Le maître mot dans notre métier c'est : sélectivité », a d'abord insisté Pierre Anjolras. « Ensuite la baisse du chiffre d'affaires de Vinci Construction traduit des situations de marché différentes selon les pays et selon les secteurs d'activité. D'abord, c'est l'activité des grands projets qui baisse, conséquence du phasage de l'avancement des chantiers. Au-delà des grands projets, en France, la bonne tenue de l'activité dans les travaux routiers et dans les travaux de réseau ferroviaire et hydraulique compense, en partie seulement, le repli des activités de génie civil et du bâtiment. Mais surtout, la très grande majorité du chiffre d'affaires de Vinci Construction est générée par des projets de petite taille », a pointé Pierre Anjolras. « Des projets récurrents réalisés avec des clients récurrents, c'est ce qu'on appelle les activités de fonds de commerce. »
Enfin, Vinci peut voir venir sereinement. Indicateur avancé des perspectives d'activité, les prises de commandes affichent un montant élevé, de près de 32 Mds€, en recul de 2 Mds€ sur un an. Mais ce repli « s’explique par un effet de base élevé avec les commandes de 2,5 Mds€ enregistrées par Cobra IS en Allemagne en 2024 » selon Pierre Anjolras qui rassure : « La baignoire se remplit toujours. Mais moins vite ». Les prises de commande dans les activités de fonds de commerce progressent, elles, de 2%. Surtout le montant des prises de commandes reste supérieure à celui de l’activité de la période. Le carnet de commandes continue donc d’augmenter : +6% sur un an, à plus de 71 milliards d'euros (la part de la France représente 29%, celle de l'Allemagne 19%, le reste du monde 52%), proche de son plus haut niveau historique de 72 Mds€ atteint à la fin du premier trimestre 2025. « Il représente au total plus de 14 mois d'activité, ce qui nous offre de la visibilité et nous permet d'aborder l'avenir avec sérénité, sans dévier de notre politique de sélectivité privilégiant la marge au volume », a conclu Pierre Anjolras.
Une fiscalité qui pèse sur les bénéfices
Le groupe a vu son bénéfice net reculer au premier semestre de 5% à 1,9 Mds, malgré les bons résultats de l'activité, pénalisé par la surtaxe sur certaines grandes entreprises instaurée dans le budget 2025. Prévue pour durer un an, elle vise à imposer davantage les bénéfices d'entreprises réalisant plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires en France. Hors impact de cet alourdissement de la fiscalité, le résultat net de Vinci aurait atteint 2,2 Mds€, soit une hausse de près de 10%, a souligné le groupe.