Le groupe Vinci et ParisTech, établissement public de coopération scientifique, ont noué en 2008 un partenariat de cinq ans sur le thème de l’éco-conception des ensembles bâtis et des infrastructures grâce à un mécénat auprès de trois grandes écoles d’ingénieurs (Mines ParisTech, Ecole des Ponts ParisTech et AgroParisTech). « Un mécénat inédit, observe Christian Caye, délégué au développement durable du groupe Vinci, car il est rare d’associer ainsi trois écoles dans une démarche commune de recherche. Vinci avait déjà l’expérience d’une collaboration avec l’école des Mines pour développer le logiciel d’analyse de cycle de vie des bâtiments Equer, et avec l’école des Ponts via ses sociétés d’autoroutes. Le partenariat avec Agro était en revanche nouveau, motivé par les travaux sur la biodiversité. » Il aura fallu un an pour que les partenaires apprennent à se connaître et à travailler ensemble, entre écoles et avec Vinci.
Le partenariat s’est concrétisé par la création d’une chaire qui a fait émerger de nouveaux concepts et outils au service de l’éco-urbanisme et de la biodiversité, notamment en créant une quinzaine d’outils de mesure et de méthodologies qui font aujourd’hui référence, comme nova-Equer, Biodi(v)strict ou ParkCap3.
Le premier est une application à l’échelle du quartier de Equer, outil d'analyse de cycle de vie des bâtiments qui permet d'évaluer l'empreinte environnementale d'un bâtiment à partir de dix indicateurs (consommation d'énergie, matériaux, consommations d'eau, procédés constructifs mis en œuvre, déchets, etc.) pour éviter la substitution d'une pollution par une autre, sur l'ensemble du cycle de vie du projet (construction, exploitation, rénovation, démolition). Nova Equer traite plusieurs bâtiments et les espaces publics d'un quartier (espaces verts, éclairage public, etc.). Il permet notamment d’évaluer l’influence d’un plan masse sur la performance énergétique et environnementale d’un « morceau de ville ».
Biodi(v)strict est un outil d'évaluation de la biodiversité en milieu urbain, il établit un diagnostic des surfaces propices à la biodiversité. Des indices de biodiversité sont évalués grâce aux relevés d’espèces représentatives (oiseaux nicheurs, reptiles, papillon). A partir de ces indices, l’équipe en charge du projet peut proposer des aménagements pertinents.
Enfin, Park Cap est un modèle de simulation du stationnement sur un territoire dans lequel les capacités de transport des divers moyens (véhicules, infrastructures de circulation, places de stationnement) sont mises en évidence, et confrontées aux besoins de mobilité sur un territoire d’étude. Les niveaux d’usage simulés permettent de tirer un ensemble de conséquences sur les temps de parcours et le confort de circulation, sur la qualité du service rendu à l’usager, sur l’environnement. En particulier, la simulation des parcours de recherche d’une place de stationnement dans une zone très chargée est une innovation originale qui permet d’évaluer les besoins en termes de dimensionnement et de tarification de l’offre de stationnement.
De 2008 à 2013, les thèmes prioritaires de la chaire ont été les éco-quartiers, la réhabilitation des ensembles bâtis, les analyses de cycle de vie des matériaux, la biodiversité et la mobilité durable. Les filiales de Vinci ont servi de terrains d’expérimentations, proposant des sites pilotes, accueillant des chercheurs et des stagiaires. Les collaborateurs du groupe de BTP ont également participé à la conception de modules à destination des étudiants. « Ces travaux ont été mis à la disposition des acteurs de la ville (concepteurs, constructeurs, exploitants et utilisateurs), notamment par l’organisation de conférences », rappelle Christian Caye. Le mécénat scientifique exige en effet que les résultats des travaux de recherche entrepris dans le cadre du partenariat soient rendus publics. Outre la vingtaine de conférences organisées dans le cadre des « soirées de la chaire », une « université de la chaire » créée il y a deux ans a permis de réunir jusqu’à 150 personnes au sein de « master classes ».
A l’approche du terme de la première phase de cinq ans de la chaire éco-conception, les scientifiques de ParisTech ont proposé des sujets de recherche pour une suite éventuelle du programme. Le comité exécutif du groupe Vinci a décidé de renouveler jusqu’en 2018 ce partenariat et son financement, pour un montant qui passe de 3 à 4 millions d’euros sur cinq ans. Mais dans cette seconde séquence de recherche, les travaux devront être encore plus appliqués et sur un périmètre encore plus international, notamment grâce à la présence dans les instances de gouvernance d’experts européens anglais et suisses. Les thèmes principaux sur cette nouvelle période se concentreront sur la performance énergétique, l’agriculture urbaine, les smart grids, les smart cities, les énergies renouvelables, le recyclage mais aussi, par exemple, les impacts socio-économiques des gares du Grand Paris.
Christian Caye aimerait ouvrir ces travaux à d’autres disciplines telles que les sciences humaines. Sur certains thèmes, il imagine d’associer aux ingénieurs de Vinci et au chercheurs de ParisTech des architectes, des urbanistes, des anthropologues, etc.
Retrouver plus d’informations sur www.chaire-eco-conception.org