Guerres, aléas climatiques, batailles douanières : la situation géopolitique n'a pas épargné l'économie mondiale en 2024 et dans la première moitié de 2025. Malgré cela, les grandes entreprises de BTP européennes se portent bien selon la dernière étude de Forvis Mazars. Le chiffre d'affaires global (près de 305 Mds€) des 13 majors du panel a progresséde 8 % et leurs carnets de commandes enregistrent une hausse de 11 %. Leur taux de marge opérationnelle global progresse aussi, de 0,9 pt sur un an pour s'établir à 3,3 % dans le BTP, 4,7 % dans l'énergie et les services, 0,2 % dans l'immobilier et 40 % dans les concessions.
Et cette année dans le top 10 on retrouve 4 entreprises françaises : les 3 majors hexagonales du BTP, en force dans le top 4 (Vinci 1er, Bouygues 2e et Eiffage 4e) et, désormais, Spie. Le leader des services multitechniques à l'énergie, 11e du classement 2023 se hisse dans le top 10, à la 9e place.
Energie
La grande tendance à la diversification vers les services à l'énergie s'est encore renforcée : le secteur Énergie & Services est en croissance de 12 % en 2024 (après les exceptionnels 37% de 2023 dûs à l'acquisition d'Equand par Bouygues). Sur ce marché, « Vinci, Spie et Eiffage surperforment la croissance du Panel avec une hausse en moyenne de 14 %, une croissance principalement liée à l’intégration en 2024 d’EQOS et Salvia chez Eiffage, du groupe Fernao chez Vinci, et de Robur Industry chez Spie », rappelle l'étude. Dans le même temps, les branches immobilier des grands groupes souffrent (-13%).
Conséquence, les activités traditionnelles de construction (bâtiment et travaux publics) des majors européennes ne représentent plus que la moitié (54%) de leur chiffre d'affaires, l'énergie pèse, elle, 30%.
Construire plus en émettant moins de CO2, la difficile équation
Les émissions de CO2 ont continué d’augmenter dans le secteur du BTP entre 2023 et 2024. Un résultat qui « reflète les réalités d’une transformation industrielle de grande ampleur », note Forvis Mazars. L’activité de construction, la plus émettrice du secteur, concentre l’essentiel de cette hausse. « Les trois leaders de cette branche — Vinci, Bouygues et ACS — en sont les principaux contributeurs, en cohérence avec leur poids économique et opérationnel », rappelle l'étude. Alors que toutes les grandes entreprises ont pour objectif une réduction de 40% à 50% de leur émissions par rapport à 1990, d'ici 2030, d’après les données publiées en 2024, les leaders du BTP doivent encore réduire en moyenne 28 % de leurs émissions totales pour atteindre leurs objectifs. Pour les seules émissions directes (Scopes 1 et 2), l’effort restant est de 31 %.