Négoce : Comment vous vous êtes rendu compte que c'était bien vos produits sur les routes et autres lieux ?
Amaury Omnes : On déplore encore des « décharges sauvages » avec des déchets de chantiers jetés en bordure de route, en lisière de forêt. Les produits étant étiquetés, des agents municipaux ou les autorités arrivent à contacter le producteur, puisque sa marque est apparente de même que les informations réglementaires. Par le N° de lot indiqué sur l’étiquette incriminée, il est souvent possible d'identifier le client distributeur concerné. Reste ensuite à identifier le client artisan final ou le client particulier concerné.
En février dernier chez Hirsch Isolation, nous avons été contactés par la gendarmerie nationale pour nous signaler qu’ils avaient constaté la présence de trois big bag de chutes d’isolants en PSE (soit environ 3 m3) et des sacs d’emballages avec des étiquettes, ainsi que d’autres produits de chantier (palettes, sacherie, enduits, chute de découpe profilés métalliques…), déposés en bordure de la route départementale du Gard (D51) en direction de Messac. Nous les avons récupérés pour intégrer les chutes de PSE dans le process de notre usine la plus proche. Nous avons remonté la chaîne par les informations issues des étiquettes adhésives sur les emballages des colis (usine, date de fabrication…), que l’on rapproche des ventes correspondantes. Si nous avons eu un seul cas récent où les informations ont permis de remonter jusqu’à l’entreprise de pose, nous n’avons en revanche pas d’information sur les suites de l’enquête, gérée dans ce cas précis par la gendarmerie.
Négoce : Quelles sont les étapes clés où les déchets peuvent être générés dans une chaîne de distribution ?
A.O. : Il n’y a quasiment pas de déchets durant le transport. Bien entendu, plus il y de chargements/déchargements, et plus ce risque augmente. Les déchets sont dans leur très grande majorité générés sur chantier : c’est ce qu’on appelle des « chutes de coupe » (découpe au fil chaud du dernier panneau en extrémité de façade par exemple, ou du dernier entrevous en fin de travée de plancher). Une étude de calepinage est généralement faite en amont pour minimiser ce taux de chute et réutiliser autant de chutes que possible. Chez les fabricants d’isolants, les principaux déchets sont les chutes de coupe en production (des panneaux sont découpés au fil chaud dans un bloc, et il reste toujours une « croûte » en périphérie qui est ensuite broyée et recyclée en production). Sur chantier, le type de déchet le plus courant est la chute de coupe sur chantier. Le PSE étant recyclable, ces chutes peuvent ensuite être collectées pour être recyclées en usine.
Négoce : Comment la responsabilité est-elle répartie entre les différents acteurs pour la gestion des déchets ?
A.O.: La responsabilité est, comme pour tout matériau de construction, liée aux incoterms (obligations réciproques du vendeur et de l'acheteur, Ndlr) et conditions générales de vente ou conditions contractuelles. De manière générale, avec la mise en place de la REP PMCB, l’artisan est responsable du bon tri des déchets sur chantier. La logistique pour le traitement de ces déchets est organisée par l’éco-organisme concerné. Et le financement de ces opérations assuré par les écocontributions versées aux éco-organismes par les producteurs. Dans le cas des isolants PSE, de nombreux membres de l’Afipeb proposent un service de recyclage : ils contractualisent directement avec l’entreprise de pose auprès de qui ils récupèrent les chutes de chantier pour recyclage en usine. Ce service se développe de plus en plus.
Négoce : Quels sont les défis rencontrés lorsqu'il s'agit de suivre et de réduire les déchets dans la chaîne de distribution ?
A.O. : En usine, chez le fabricant d’isolant PSE, le principal challenge est, comme dans toute industrie, la maitrise de son process pour éviter la production de produits non conformes. Et dans le cas spécifique du PSE, l’optimisation des dimensions de blocs est clé pour limiter les chutes de coupe (en fonction des dimensions de produits finis à découper). Sur chantier, le challenge est de s’assurer que l’entreprise de pose respecte bien le cadre de la REP PMCB et trie ses déchets comme il se doit : ou bien sur chantier pour les plus importants, ou bien chez son partenaire négoce qui met les différentes bennes à disposition comme prévu dans le cadre de la REP PMCB, ou encore dans les sacs fournis par le producteur dans le cadre des services de recyclage.