Créé en 2014 en Charente, le jeune groupe Homnia (8 M€ de chiffre d’affaires en 2022 pour 75 salariés) s’appuie aujourd’hui sur trois entités : Homnia Menuisiers (90 % du chiffre d’affaires du groupe) qui, installée à Châteaubernard et Saujon (Charente-Maritime), emploie 67 personnes dans la conception, fabrication et installation de menuiseries, agencements et d’ébénisterie pour les particuliers, professionnels et collectivités. Une seconde société, Homnia Automatismes a vu le jour en 2020. L’activité est tournée vers les fermetures industrielles. Elle réalise 500 000 € de chiffre d’affaires et emploie trois personnes à la fois dans l’installation, le dépannage et la maintenance.
Enfin, en 2022, l’actualité du groupe a été marquée par la naissance d’une troisième filiale : « Val’Homnia est le résultat d’un déclic, d’une prise de conscience. Chaque année, nous produisons en interne une centaine de tonnes de déchets destinées à l’enfouissement. On ne pouvait pas continuer comme ça ». Face à ce constat, Bertrand Faurie, directeur général du groupe, se lance en quête d’une solution qui mêle à la fois décarbonation de la filière bâtiment et écologie. « J’ai visité différents ateliers de démantèlement de menuiseries dans l’ouest et le nord de la France ». Convaincu par le procédé, il monte à son tour son atelier dans des locaux situés sur la commune de Bourg-Charente.
En s’associant avec un Esat (Établissement et service d'aide par le travail) qui lui apporte la main-d’œuvre, il teste son projet durant la première partie de l’année passée en traitant son propre gisement. « Nous avons démarré dans le courant du second semestre une campagne de communication à destination des installateurs implantés en Charente et Charente-Maritime », signale le DG qui, en quelques mois, a réussi à fédérer une douzaine de professionnels. Pour les sensibiliser à son projet, Bertrand Faurie s’assure que le coût de la collecte ne dépasse pas celui de l’enfouissement. Pour ce faire, un partenariat est instauré entre l'éco-organisme Valdelia, Veolia pour la collecte et le transport et Val’Homnia.
Une perspective industrielle
Mais derrière ce petit atelier qui emploie aujourd’hui trois personnes, le patron a une idée beaucoup plus ambitieuse : la création d’une filière industrielle de démantèlement de menuiseries. Pour ce faire, il s’appuie sur la REP PMCB (produits et matériaux de construction du bâtiment) qui est programmée pour entrer en vigueur au mois de mai prochain. « Cette mesure devrait faire naître des milliers de tonnes de déchets à trier », anticipe Bertrand Faurie qui n’écarte pas à plus long terme de développer le réemploi de fenêtres usagées mais en bon état. Et c’est là que la présence de Valdelia prend tout son sens puisque le 6 octobre dernier, le Ministère de la transition écologique et de la cohésion des territoires a cet éco-organisme dans le cadre de la REP.
Afin d’arriver à ses ambitions, soit le traitement de 3 000 tonnes par an d’ici quatre ans, le chef d’entreprise entame la structuration de cette future filière. Il vient notamment d’investir 700 000 euros dans deux séparateurs de verre qui devraient être opérationnels dans le courant du premier trimestre de cette année. « Ces machines ont été financées à hauteur de 300 000 euros par le conseil régional de Nouvelle Aquitaine ainsi que par une subvention de Verallia. Elles nous permettront de multiplier par deux notre productivité tout en sécurisant le travail pour les opérateurs sur site en évitant, notamment, le contact avec le verre cassé ».
Dans l’immédiat, le directeur général l’avoue : « Je prends un pari sur l’avenir, celui du développement d’une filière. Aujourd’hui, nous perdons de l’argent. La tonne est facturée 200 €. Heureusement, Val’Homnia est adossée à une structure qui a les reins solides », conclut Bertrand Faurie.