Tout est parti d’un constat. En France, la majorité des espaces commerciaux est recouverte soit de bitume noir, soit de panneaux métalliques. Si ces techniques assurent une bonne étanchéité à l’eau, les matériaux utilisés transforment les toits en fournaise avec une température pouvant aller jusqu’à 80 °C lors de période de canicule. Une véritable aberration économique et écologique qui se traduit par une surconsommation de climatisation. « Nous allons inexorablement vers une augmentation des températures ce qui implique que nous nous adaptions aux changements climatiques pour ne pas en souffrir. Le problème c’est qu’on le fait n’importe comment : on commence par climatiser et on réfléchit après. Or, c’est un véritable cercle vicieux : pour créer du froid dans les bâtiments, les climatiseurs rejettent la chaleur à l’extérieur et leur cycle de vie est fortement émetteur de gaz à effet de serre » explique Antoine Horellou, directeur général de Cool Roof France.
Un secret bien gardé
S’inspirant de l’architecture vernaculaire des pays du Sud, l’entreprise brestoise a développé un revêtement de toiture à la fois réflectif et émissif. En clair, ce revêtement blanc, dont le secret de la formulation est bien gardé, ne transforme quasiment pas le rayonnement solaire en chaleur et le peu de chaleur absorbée est réémis. Un toit de ce type ne dépassera donc guère la température ambiante. Cerise sur le gâteau, un toit moins chaud, c’est moins d’usure et un meilleur rendement pour les condenseurs ou autres panneaux solaires qui peuvent s’y trouver. En bloquant ainsi les rayons solaires avant qu’ils ne touchent le toit, le revêtement réflectif développé par Cool Roof France permet de renvoyer près de 95 % de la chaleur solaire qui frappe les bâtiments.
En été, le soleil chauffe les toits sombres ou métalliques à plus de 60 °C. © Cool Roof
A l’intérieur, sur l’ensemble des bâtiments réalisés par Cool Roof en France et à l’international (Leclerc, Boulanger, Aéroports de Paris, Cerp, Sanofi, etc.) les analyses révèlent jusqu’à 7 °C en moins de température ambiante, 15 °C de température ressentie (opérative) et, lorsque les bâtiments sont climatisés, une réduction jusqu’à 30 % des consommations de climatisation.
Economies d’énergie
« Le principe que nous proposons n’est pas révolutionnaire en soi, mais apporte des solutions plus pérennes et durables. Il s’applique particulièrement au secteur du froid-dirigé qui se doit de respecter des consignes de froid mais aussi de maîtriser le bon rendement de leurs équipements » poursuit Antoine Horellou.
Ainsi, l’enseigne de produits alimentaires surgelés Picard a récemment mandaté l’entreprise bretonne pour appliquer son revêtement innovant sur la toiture de trois magasins en région parisienne avant de généraliser ce revêtement à la quasi-totalité de ses magasins.
« Nous sommes depuis plusieurs années à la recherche de solutions d’économie d’énergie, explique Elisabeth Bouton, Directrice qualité et RSE de Picard. Entre 2012 et 2020, nous avons ainsi réussi à réduire de 10 % la consommation énergétique de l’ensemble de parc magasins (environ 1 000). Nous devons maintenant nous projeter vers l’avenir avec un objectif toujours plus ambitieux. C’est pourquoi nous sommes impatients d’analyser les résultats de ces trois magasins pilotes sur nos principaux usages énergétiques (congélateurs, climatisation et chambre froide) et d’imaginer le déploiement de cette solution passive s’ils sont concluants ».
