Après le gros et le petit électroménager, le multimédia et la téléphonie, le réseau Envie Aquitaine, entreprise d’insertion par l’économie circulaire, s’est lancé depuis l’été 2021, dans le recyclage et le réemploi des panneaux photovoltaïques ; elle est la seule entreprise européenne à développer cette activité.
Le gisement des panneaux à recycler est estimé à 850 000 tonnes dans les 15 à 30 ans à venir (bilan électrique RTE 2019), correspondant à 9 567 MW installés à fin 2019. Un volume estimé par RTE à 20 100 MW fin 2023… Il était temps que le recyclage prenne forme.
Un taux de valorisation de 95 %
« Nous travaillions depuis près de sept ans avec l’éco-organisme Soren sur le recyclage des panneaux photovoltaïques : nous collections les panneaux pour les acheminer vers des lieux de broyage », détaille Pierre Tauzin, responsable du site de recyclage des panneaux Envie 2E Aquitaine.
C’est à la suite d’un appel d’offres portant sur la collecte et le traitement, publié par Soren, que l’entreprise de l’économie sociale et solidaire démarre cette activité. « Historiquement, les panneaux – en fonctionnement ou non - sont broyés et on récupère ce que l’on peut, précise le responsable ; nous avons proposé un nouveau procédé qui consiste à séparer les éléments sans casser les panneaux. »
L’entreprise s’est équipée d’une machine élaborée au Japon par NPC Incorporated : étape par étape, elle sépare le cadran en aluminium, le boîtier de jonction et décolle la plaque de verre du laminé, dans lequel se trouve du plastique, du silicium, du cuivre et de l’argent. « Sans casser le panneau, ni polluer les matières entre elles », précise Pierre Tauzin.
Envie 2E Aquitaine espère ainsi atteindre un taux de valorisation de 95 %. A Saint-Loubès, deux tiers des panneaux qui arrivent intacts sont recyclables, un tiers est acheminé cassé, mais leurs éléments sont également séparés. Les différents matériaux sont acheminés vers des centres de traitement.
Des panneaux reconditionnés bientôt en vente
5 % des panneaux fonctionnent encore. Ce sont eux qui intéressent particuliers, collectivités et entreprises. « Nous aurions déjà pu en vendre 5 000… », sourit Pierre Tauzin qui reconnaît que l’entreprise suscite la curiosité.
Les panneaux qui arrivent intacts sont testés et seront, d’ici à la fin de l’année, remis dans le circuit, comme panneaux de réemploi. Avec un rendement moindre : la perte annuelle est estimée à 0,5 % par l’entreprise, en fonction de ses premiers tests. Cette démarche permettrait notamment à des particuliers de s’équiper à moindre coût et à des structures qui auraient une installation ancienne de ne remplacer que les panneaux défectueux. La ligne de test été élaborée par Rosi Solar, une start-up grenobloise. « C’est également notre partenaire pour le traitement de certaines matières », indique Pierre Tauzin.
Le site de Saint-Loubès a la capacité de traiter 6 000 tonnes de panneaux par an ; l’activité pour les premières années oscillera entre 1 000 et 2 000 tonnes. Huit personnes, dont six en insertion, travaillent sur le site à ce jour. A terme, 25 personnes seront recrutées.
