Aujourd’hui, 75 % des fenêtres issues des chantiers de déconstruction et / ou de rénovation énergétique finissent soit à l’enfouissement en installation de stockage des déchets inertes non-dangereux, soit en valorisation en remblais sur les chantiers de construction avec d’autres matériaux. 10 millions de fenêtres sont démantelées chaque année en France.
Le verre plat représentant 30 à 40 % du poids d’une fenêtre, on parle ici de 200 000 tonnes de ce matériau. Or, 1 tonne de verre recyclé évite l'extraction de 1,2 tonnes de matières premières (silice).
Un prototype développé par l'institut Carnot et les industriels
Fort de ce constat, l’institut de recherche et développement Carnot Arts (Arts et Métiers de Chambéry), en partenariat avec les industriels Tri Vallées (conception de solutions locales dans la gestion et la valorisation des déchets), Tripapyrus (spécialisé dans la gestion des déchets) et Valo (favorisant l'insertion professionnelle en transformant les déchets industriels en ressources), développe une unité industrielle de démantèlement des fenêtres.
Actuellement au stade de prototype, la machine de 2,6 x 6 m de long sépare dans un premier temps le verre de son châssis pour ensuite produire des fractions sortantes recyclables dans l’industrie locale. Le PVC est utilisé dans la fabrication de nouveaux profilés PVC, l’aluminium dans la refonte de métaux, le bois en valorisation énergétique.
Préserver un verre propre au recyclage
« Mais la grosse innovation consiste à éviter de broyer le verre plat pour pouvoir le recycler » expliquent le professeur Jean-Marc Meurville et le directeur Alain Cornier, tous deux de l’institut de Chambéry, en charge du projet. Si le verre propre constitué de silice est recyclable à l’infini, les doubles vitrages qui composent les fenêtres comprennent soit un feuilletage, qui les rendent de toute manière impropre au recyclage, soit un joint en butyle qui assure l’étanchéité du vide d’air. « Or casser le verre et le détourer au niveau de ce cadre polymère est compliqué », assurent-ils. La machine, entièrement automatisée, équipée de capteurs, développe un processus pas encore dévoilé, qui permet de détourer le cadre en butyle du vitrage, afin de récupérer un verre plat propre d’un côté, les montants et traverses de l’autre.
Actuellement, le prototype accepte des fenêtres d’une dimension de 150 x 230 cm et permet de recycler 30 fenêtres à l’heure. A terme, l’équipement sera transportable sur les chantiers de démolition. Il faudra trier les fenêtres en amont, les amener sans danger et sans casse à l’opérateur, pour ensuite séparer et classer les produits sortants sur site.
Les enjeux de la filière
Il faudra encore faire preuve de patience jusqu’en 2020 pour voir cette machine développée et commercialisée par les industriels. De quoi répondre aux objectifs de la filière. Le potentiel de recyclage du verre des fenêtres est estimé à 80 000 tonnes de verre plat par an pour 2025.
Il fait suite à la signature en novembre 2017 de l’Engagement pour la Croissance Verte (ECV) relatif au recyclage du verre plat de déconstruction et de rénovation, et en 2015 de la Loi de transition énergétique pour la croissance verte (LTE), fixant un taux de valorisation à 70 % des déchets de second œuvre du BTP.