Durant une journée de débats, d'ateliers et de plénières, les grands acteurs du secteur ont fait part de leur stratégie pour répondre à l'urgence écologique et poser des fondations durables. Pour tous, il s'agit d'avoir recours à la frugalité, d'anticiper les nouveaux modes de vie, de décarboner les mobilités et de renaturer la ville. Tout en phosphorant sur les enjeux RH, puisque les métiers changent. Et en nouant de nouvelles collaborations, entre acteurs privés d'abord, mais aussi avec la puissance publique.
« En 2021, trois milliards d'euros ont été investis dans des start-up »
« Nous constatons une véritable explosion des investissements en capital-risque, principalement de la part de fonds d'investissement, dans les start-up qui s'intéressent à la construction. En 2020, à l'échelle mondiale, deux milliards d'euros ont été investis dans la construction tech, un terme qui n'existait même pas il y a sept ans. Ce chiffre est déjà passé à trois milliards en 2021, signe que l'écosystème se structure et que les jeunes pousses se développent. On observe également un afflux de talents, de jeunes diplômés hyperqualifiés, issus de tous horizons. Ils rejoignent le secteur de la construction car ils y voient un milieu où ils peuvent véritablement agir et avoir un impact réel sur l'environnement, le climat, la biodiversité… »
Guillaume Bazouin, Head of Startup and Intrapreneurship Programs, Leonard (Vinci).
%%MEDIA:2265262%%
« Démocratiser la terre crue par l'industrialisation »
« La terre crue présente de nombreux avantages. Elle affiche un très faible bilan carbone, c'est un bon isolant acoustique et elle est réutilisable si elle n'est pas stabilisée. Les matériaux en terre crue - briques, panneaux, enduits -ont donc leur place dans les bâtiments. Mais il faut les démocratiser en offrant des tarifs raisonnables, et cela passe par l'industrialisation. Il faut aussi rassurer sur leur usage en produisant des références techniques. C'est pourquoi nous déposons des Atex. »
Teddy Dusausaye, directeur général de Cycle Terre.
%%MEDIA:2265267%%
Antoine du Souich, directeur de la stratégie et de l'innovation de la Solidéo
« Une fois le village olympique livré, nous ne serons qu'à la moitié du chemin. Pour s'inscrire dans la ville durable, tout l'enjeu sera que les habitants et les usagers s'approprient les bâtiments. »
L'économie circulaire, parade contre la pénurie de matériaux
« On assiste depuis le début de l'année à quelque chose de violent. Ce n'est pas une simple accélération des demandes en matériaux de réemploi, c'est une véritable cassure, d'une grande brutalité ». Vincent Gravier, directeur du développement de Cycle Up, ne pratique pas la litote au moment d'évoquer cette nouvelle dynamique. Il faut dire que le secteur profite d'un parfait alignement des planètes entre la pénurie de matières premières et le contexte réglementaire favorable.
Le recyclage, autre élément clé de l'économie circulaire, n'est pas en reste, et les entreprises investissent massivement dans des plateformes dédiées. C'est le cas d'Eurovia, la filiale travaux publics de Vinci, qui a développé une marque Granulat + pour les matériaux inertes.
« Nous avions du mal à valoriser ces matériaux qui étaient perçus comme des produits de seconde main. La création de cette marque permet d'assurer une traçabilité et donc de rassurer nos clients », estime Lorène Dumeaux, directrice Environnement de Vinci Construction.
« Repensons le modèle de la valorisation foncière ! »
« Dans trente ans, la ville aura retrouvé la nature et tourné le dos à l'étalement urbain. Cela suppose un changement de modèle : aujourd'hui, plus un terrain est constructible, plus il est cher.
Il faudra apprendre à intégrer les valeurs environnementales dans le prix du foncier. Pour y parvenir, je ne crois pas vraiment à la voie fiscale, et davantage à la valorisation des puits de carbone, dans un marché de la compensation analogue à celui des certificats d'économie d'énergie. »
Katayoune Panahi, directrice générale de SNCF Immobilier
%%MEDIA:2265272%%
Cyril Trétout, architecte urbaniste, président de l'agence Anma
« Pour pouvoir transformer les logements, abandonnons le mur de refend au profit du poteau-dalle ! »
Le véhicule autonome au secours de la ruralité
Comment favoriser les mobilités douces dans les zones rurales ou les petites villes ? Dans le cadre de Leonard, sa plateforme d'innovation, Vinci a imaginé mettre le véhicule autonome au service de ces territoires. « Nous avons testé la mise en place d'une navette autonome dans une ville drômoise de 9 000 habitants, Crest, relate Pierre Anjolras, président de Vinci Construction. Bonne nouvelle : cela marche ! Et ne nécessite que des aménagements très frugaux. Nous allons à présent la déployer sur 10 kilomètres afin de démontrer la viabilité économique du dispositif. »
