Quand il n'œuvre pas pour son groupe de BTP à Aiglun dans les Alpes-de-Haute-Provence, Philippe Piantoni prend soin de ses oliviers sur les coteaux de la Durance.

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Le « Domaine Christophe » que Philippe Piantoni a hérité de son père, décédé en 2018, produit entre 1 000 et 1 200 litres d'huile d'olive par an.

Cultiver l'oliveraie acquise par son père, Christophe Piantoni, sur les coteaux de la Durance, est une manière de dialoguer avec lui. Avant le décès de celui-ci en novembre 2018, Philippe, dirigeant du groupe de BTP Piantoni Synergie, basé à Aiglun (Alpes-de-Haute-Provence), ne s'occupait pas du domaine situé dans la continuité des Pénitents des Mées, d'imposants rochers aux formes coniques. « C'était le jardin secret de mon père. Je pense qu'il se ressourçait au contact de la terre. Il renouait ici peut-être avec son passé. Arrivé à 14 ans en France depuis sa ville natale de Bergame en Italie, il avait exercé différents métiers, dont celui de berger, avant de basculer dans le BTP », raconte-t-il.

« Je me donne la liberté de fabriquer un produit sans pression commerciale. » Philippe Piantoni, dirigeant du groupe Piantoni Synergie.

En hommage à celui qui « a donné son cœur, son travail pour planter, entretenir et soigner ses oliviers », il a baptisé l'exploitation « Domaine Christophe ». Sur les trois terrains comptant un millier de pieds d'oliviers et formant un ensemble de près de 4 ha, l'homme âgé de 56 ans vient chercher la quiétude. Il faut dire que le site, niché dans le vallon des Trabuquets et faisant face au prieuré de Ganagobie, de l'autre côté de la Durance, est inspirant. « Je m'y promène régulièrement pour observer l'avancée de la floraison, couper des branches ou tout simplement prendre le frais sous les figuiers qui protègent le cabanon situé au cœur du domaine », confie-t-il.

Agriculture raisonnée

Il met la même énergie à diriger son groupe de 95 salariés qu'à prendre soin des vieux et jeunes arbres qui produisent entre 1 000 et 1 200 litres d'huile par an, de deux qualités différentes. L'une, ardente, reste longtemps en bouche. L'autre, pressée avec des fruits laissés quelques jours à maturation après la récolte, a un goût rappelant celui des olives noires dégustées à l'apéritif.

Signe de son engagement, Philippe Piantoni a pris le statut d'agriculteur en veillant à la biodiversité. « Cela fait trois ans que je n'ai pas arrosé. J'ai préféré installer un système de goutte-à-goutte. Je laisse aussi monter les herbes entre les arbres, les broyant lorsqu'elles sont sèches. La faune et la flore peuvent ainsi s'y développer, tout comme la terre se régénère », précise-t-il.

Agriculture raisonnée oblige, le ramassage, mobilisant toute la famille, se fait au peigne à la mi-novembre. Soucieux de maîtriser toute la chaîne, Philippe Piantoni amène lui-même les olives au moulin pour les presser, puis stocke l'huile dans des cuves en inox, dont il est propriétaire, avant la mise en bouteille. « Je ne recherche pas la rentabilité. Le produit de la vente couvre les frais. Cela me donne la liberté de fabriquer un produit sans pression commerciale », déclare-t-il.

Parmi les clients des 600 litres vendus chaque année figure le chef Stéphane Cousin du restaurant de la SMABTP à Paris. Il est particulièrement friand de cette huile produite par un homme qui a appris, grâce au travail de la terre, à réfléchir à son impact sur son environnement. Les 450 m2 de bureaux du siège, qui ont été rénovés, sont d'ailleurs alimentés par la centrale photovoltaïque du groupe. Parallèlement, Piantoni Synergie poursuit une démarche environnementale globale et conduit des projets pour réintégrer le vivant et le bien-être au cœur de l'acte de construire.

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