Edito

La falaise et l'Himalaya

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Fabien Renou, rédacteur en chef
Fabien Renou, rédacteur en chef

Si certains en doutaient encore, la dramaturgie de François Bayrou ne laissait planer aucun doute : la France entre dans le dur. Jours fériés supprimés, minima sociaux gelés, médicaments déremboursés… Le train de mesures avancées par le Premier ministre pour économiser 43,8 Mds € dans le budget 2026 consiste à réduire une palanquée de dépenses. Excepté les armées, il ne devrait épargner personne, BTP compris.

Le premier choc pourrait venir des collectivités locales, appelées à participer à l'effort de redressement financier. Les 5,3 Mds € de manque à gagner se traduiront nécessairement par des renoncements dans les dépenses d'investissements, bien plus faciles à couper rapidement que celles consacrées au fonctionnement. La menace est d'autant plus prégnante que ce trou d'air exceptionnel s'ajoute à un autre, récurrent : l'année des élections municipales. Pris en tenaille, les futurs élus y regarderont à deux fois avant de lancer leurs projets.

Au trou d'air exceptionnel du budget 2026 s'ajoute un autre, récurrent : l'année des élections municipales.

Hélas, les difficultés ne s'arrêteront pas à la porte des mairies. L'Etat s'impose lui-même une cure d'austérité. On a beaucoup glosé sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. Jusqu'à 3 000 postes pourraient disparaître, ce qui ne représenterait que quelques centaines de millions d'euros économisés. Il ne faut pas non plus surévaluer les synergies que générerait la réorganisation des agences et opérateurs de l'Etat. Pour atteindre les objectifs, il faudra donc bien toucher à l'investissement. L'immobilier de l'Etat et ses infrastructures pâtiront forcément de cette cure d'amaigrissement. Sans compter les subventions qui seront encore plus contraintes.

Si, au bout du compte, ces pistes de réflexion finissent bel et bien par innerver la future loi de finances, l'année blanche s'annonce bien noire. L'austérité comprimera immanquablement le peu de croissance qui demeure. Il faudrait commencer à s'y préparer, en misant par exemple sur les projets privés. Après tout, les entreprises sortent relativement préservées de ces annonces. Or, tout cela peut encore changer. Le Premier ministre a mis ses idées sur la table. Une table qui, à tout instant, peut être renversée.

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