Un référentiel HQE pour les établissements de santé

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L'Hopital d'Alès, une opération HQE avant l'heure.

C’est dans un contexte favorable que Certivéa, filiale du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment déjà en charge de la certification HQE des bâtiments tertiaires, va prochainement lancer un référentiel d’évaluation pour les établissements de santé.

Sur fond de texte législatif issu du Grenelle de l’environnement et alors que le plan d’investissement Hôpital 2012 (voir encadré) entre dans sa phase opérationnelle, un nouveau référentiel HQE pour les hôpitaux a été dévoilé à la presse le 29 avril dernier.

Le cahier des charges se veut une adaptation de celui déjà en vigueur pour les bâtiments tertiaires et les logements. Il reprend les quatre grands thèmes : l’éco-construction, l’éco-gestion, le confort et la santé. Néanmoins, ses concepteurs ont choisi de mettre certaines cibles au rang des priorités hospitalières. Le choix des produits, des systèmes et des procédés de construction ; la gestion de l’énergie ; ainsi que la qualité sanitaire de l’air se devront donc d’être jugés très performants par les auditeurs de Certivéa.

Les risques sanitaires l’emportent sur le confort

Ces trois cibles prioritaires sont étroitement liées et concourent toutes les trois à réduire les risques sanitaires. A titre d’exemple, en combinant un choix de matériaux de construction émettant peu de polluants (choix des produits), avec une ventilation efficace (qualité de l’air), on agira plus efficacement sur l’impact sanitaire du bâtiment. D’autant plus efficacement que, pour la première fois, le label HQE imposera des normes sur les émissions de polluants (COV, formaldéhyde,..) des matériaux. Ainsi, Pierre Hérand, directeur "Bâtiments" à l’ Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) souhaite faire réagir les industriels en les incitant à créer de nouveaux produits respectant les seuils autorisés, puis à terme espère faire naître un marché suffisant pour généraliser ces exigences à tous les types de constructions.

Si la qualité sanitaire est primordiale, le bien-être participe aussi pour beaucoup à la guérison, ou tout du moins est souvent indispensable au traitement médical. C’est pourquoi on regrettera tout de même que les promoteurs de la démarche n’aient pas poussé aussi loin la réflexion sur les critères de confort. Alors que le paysagiste devra veiller à ne pas faire planter des plantes présentant des risques d’allergies et le chef de chantier à repérer des risques d’infections fongiques telles que l’Aspergillus, le confort auditif et visuel manque d’attention.

En attendant la version définitive du certificat, le nouveau centre hospitalier d’Alès a bien compris qu’il est incohérent de concevoir un hôpital sain qui ne soit pas agréable. C’est pourquoi, avant même que la norme de qualité environnementale des hôpitaux soit lancée, il a prévu un bâtiment utilisant à plus de 80% des énergies renouvelables, mais aussi et surtout des vues, depuis le lit des patients, sur l’extérieur ou des patios plantés.

Il faut "changer nos logiciels"

Lors de la présentation, tous ces aspects techniques ont vite laissé place à la question du surcoût d’une telle démarche. Après que chacun des intervenants se soit essayé à estimer un surcoût difficilement chiffrable, Dominique Jourdain, a expliqué qu’il faut voir cette charge financière comme un investissement. Pour le président de l’association HQE, les bâtiments publics sont les cathédrales du XXIème siècle, dans la mesure où ce sont eux qui viennent affirmer l’identité de la ville et le rayonnement de la région, il invite donc les collectivités à prendre en charge le surcoût initial.

Jean-Pierre Sicard, en tant que Directeur développement durable à la Caisse des Dépôts, propose une autre façon d’approcher ce coût supplémentaire. Comme les économies d’entretien et d’énergie d’un bâtiment HQE ne se ressentent qu’au fil du temps, pour que la comparaison avec un hôpital standard soit loyale, il affirme qu’il faut aborder le financement en termes de coût global. En effet, c’est en intégrant la maintenance et éventuellement la déconstruction au coût du bâtiment que l’on peut mesurer les économies engendrées sur un bâtiment répondant aux cahiers des charges HQE.

Enfin, le directeur bâtiment de l’ADEME qui connait bien la difficulté qu’ont les maîtres d’ouvrage à modifier leur approche de l’investissement, a résumé les réponses de ses collaborateurs en expliquant aux participants qu’il est indispensable de "changer nos logiciels".

Eric Leysens

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