un parc habité sur un ancien site militaire

Ecoquartier -

A Rennes, les anciens terrains militaires de La Courrouze sont progressivement reconvertis en un écoquartier de 4 700 logements et plus de 120 000 m² de bureaux. Parti pris : privilégier la densité pour consacrer la moitié du site aux espaces publics.

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A Rennes, les anciens terrains militaires de La Courrouze sont progressivement reconvertis en un écoquartier de 4 700 logements et plus de 120 000 m² de bureaux. Parti pris : privilégier la densité pour consacrer la moitié du site aux espaces publics.

Vivre en ville, habiter dans un parc : peu à peu, le slogan de l'écoquartier La Courrouze prend corps. Sur ces 90 hectares à cheval sur les communes de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande, 4 700 logements vont être réalisés d'ici à 2020 : « Nous accueillons chaque année 6 000 habitants dans l'agglomération, explique Daniel Delavaux, maire de Rennes. Cela suppose de produire 4 500 logements par an, dont la moitié aidée financièrement, objectif inscrit au PLH rennais (plan local de l'habitat). Le quartier de La Courrouze, porté par la communauté d'agglomération, est emblématique de cette politique. » Un revirement complet pour ce territoire, longtemps utilisé par les militaires : « Pourtant situé à l'intérieur de la rocade, La Courrouze était une barrière au tissu urbain, confirme Emmanuel Couet, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande et président de la SEM Territoires, aménageur de l'écoquartier. Lorsqu'à la fin des années 1990, le ministère de la Défense a engagé un dialogue sur une partie de ces emprises, nous avons défini un cahier des charges pour ce nouveau quartier. »

Un marché de définition est lancé en 2002, les objectifs du PLH se doublant de la volonté de faire du site, accessible depuis le centre-ville en dix minutes à vélo, un nouveau morceau de ville, comprenant également 120 000 m² de surfaces tertiaires.

Héritage hétérogène

Le choix de l'équipe, emmenée par les urbanistes italiens Bernardo Secchi et Paola Vigano, est arrêté moins d'une année plus tard : « Leurs propositions, en plus de prendre en compte nos objectifs, étaient élaborées en rapport avec le '' génie des lieux '', la géographie du site, son histoire. », explique Christian Le Petit, directeur général des services techniques de la communauté d'agglomération. A un moment où les questions de développement durable étaient appréhendées en France, surtout par le bâtiment, le projet de La Courrouze affichait l'ambition de les traiter à l'échelle du quartier.

Premier principe : utiliser le paysage comme infrastructure du quartier à venir. Dans ce domaine, le projet n'a pas fait table rase d'un territoire façonné de façon très particulière : « Le site a été totalement bâti, avec des bâtiments, des lieux de stockage de munitions, des buttes de protection, des plateaux supportant les presses à emboutir les obus., raconte le paysagiste Charles Dard. Et puis cette activité s'est déconstruite, reconstruite sur elle-même, et la forêt a repris ses droits avec, dans certains endroits, de belles chênaies et, sur les remblais compactés, des boulaies moins intéressantes. » Cet héritage hétérogène de sols, de dispositifs topographiques et de végétaux a fait l'objet d'un inventaire précis, identifiant les secteurs à intégrer aux espaces publics du nouveau quartier.

Reliant l'entrée de ville et le quartier d'affaires (Dominos) aux zones résidentielles en couture du quartier rennais de Cleunay, une coulée verte s'aménage progressivement, avec l'avancement des constructions. Cette armature piétonne, mêlant patrimoine végétal et plantations nouvelles, est un espace valorisant les eaux pluviales : « Au stade de la conception, un débit de fuite maximum de 3 l/ha/sec vers les réseaux d'assainissement était exigé, précise Charles Dard. Nous nous sommes servis du modelé du terrain et des bassins d'incendie existants pour mettre en place un système de noues alimentant une flore indigène, plantée dans des sols économes en terre végétale. »

Typologies variées de logement

Pour dégager ces espaces publics généreux, mobilisant plus de la moitié de la surface au sol du projet, un parti d'aménagement original a été mis en œuvre. Avec une moyenne de 110 logements par hectare urbanisé, La Courrouze reproduit la densité du cœur de ville, ces espaces bâtis se limitant à un tiers de la surface de la ZAC.

Cette densité va de pair avec une diversité des formes urbaines et des écritures architecturales : « Les concepteurs du quartier sont allés au-delà du stéréotype réservant le logement collectif au centre-ville et l'habitat individuel à la périphérie. Nous voulions proposer de nombreuses typologies pour répondre à la diversité des attentes en matière de logement », ajoute Christian Le Petit. Immeubles de douze étages, petits collectifs, logement individuel en bande, ensembles en agora autour de la végétation existante.

Ces typologies variées, dont les chantiers ont débuté en 2008, jouent également la carte des économies d'énergie, dans des conditions de marché : « Nous sommes bien plus exigeants sur les niveaux d'isolation et de consommation que la RT2005 ne l'exige, mais il faut être très vigilant sur le surcoût occasionné, précise Eric Beaugé, chef de projet à la SEM Territoires. Nous proposons des solutions de moins-value aux constructeurs, telles que l'externalisation du stockage des déchets ménagers, gagnant 50 m² sur une opération de 100 logements, ou les parkings semi-enterrés, diminuant le coût d'investissement et de fonctionnement. »

Un métro en 2018

Dense, économe, le tissu urbain en devenir met enfin en œuvre une mixité de fonctions, davantage développée à l'échelle du quartier qu'à celle des opérations immobilières : « Il est important de pouvoir imbriquer logements et activités dans la ville d'aujourd'hui. Pouvoir engager une mixité fonctionnelle est, par exemple, très favorable aux transports en communs », précise Christian Le Petit. En la matière, La Courrouze recevra en 2018 le terminus de la 2e ligne de métro rennaise, dont les choix architecturaux et industriels devraient être arrêtés d'ici à la fin 2010.

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Quels principes ont guidé la conception du quartier de La Courrouze ?

Rennes Métropole a souhaité faire de ce projet urbain un concentré de toutes ses exigences en matière de développement durable, qu'il s'agisse de logements économes en énergie, de priorité aux transports collectifs, ou de préservation du paysage. Cette opération s'inscrit aussi dans une démarche volontariste, celle du PLH rennais (plan local de l'habitat), prévoyant une production annuelle de 4 500 logements dans l'agglomération, dont la moitié sociaux ou aidés.

La réponse de l'équipe Secchi-Vigano satisfait-elle ces exigences ?

Il y avait dans leur proposition plusieurs éléments forts, particulièrement novateurs en 2003, au moment du choix de la maîtrise d'œuvre urbaine. Ainsi, l'idée de valoriser l'existant, en s'appuyant sur un site où la végétation avait repris ses droits, a débouché sur une opération étonnante, où l'implantation des bâtiments et du réseau viaire vient se caler sur le paysage, et non pas l'inverse.

La recherche d'une très forte densité est une autre spécificité : elle dégage un maximum de surface au sol pour l'espace public et le paysage préservé. Elle se traduit également par une grande diversité de formes urbaines, depuis le collectif culminant à 12 étages jusqu'au logement individuel dense. Il y a ici beaucoup de choses qui s'inventent, et qui seront utiles à d'autres opérations, puisque lancées dans des conditions de marché.

Où en est aujourd'hui le projet urbain ?

Les premiers travaux de construction ont été lancés en 2008, et se poursuivront encore une bonne dizaine d'années. La phase opérationnelle démarre avec vigueur : 600 logements sont actuellement en chantier, des PC étant en cours d'instruction pour 200 logements supplémentaires. Le long de la rocade, 30 000 m² de bureaux et 2 500 m² d'équipements sont également en travaux. En septembre, les 18 000 m² du siège régional du Crédit agricole, marqueur de l'entrée de quartier, seront livrés. Cette dynamique tertiaire ne devrait pas s'infléchir en 2011, avec le lancement de 10 000 à 15 000 m² de bureaux supplémentaires.

341753.BR.jpgEmmanuel Couet, maire de Saint-Jacques-de-la-Lande et président de la SEM Territoires.ville Saint-Jacques-de-la-Lande« Un concentré des exigences de l'agglomération »Fiche technique

Maîtrise d'ouvrage : Rennes Métropole.

Aménageur : SEM Territoires.

Maîtrise d'œuvre :Bernardo Secchi et Paola Vigano, architectes-urbanistes (mandataires) ; Charles Dard, paysagiste ; GEC Ingénierie, BET.

Surface : 89 hectares.

Programmation : 4 700 logements, dont 25 % sociaux ; 120 000 m² de bureaux.

Réalisation : 2008-2020.

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