Les chiffres sont connus : avec 227,5 millions de tonnes par an, le secteur du BTP est l'un des plus gros producteur de déchets en France. Et le bâtiment, qui "pèse" 46 millions de tonnes de déchets, enregistre un taux de valorisation jugé insuffisant, variant entre 48 et 60% avec des performances inégales selon les matériaux.
Si la loi pour une économie circulaire, adoptée le 30 janvier, crée à partir de janvier 2022 une filière REP pour les déchets du BTP, le gouvernement a décidé de prendre les devants en lançant mercredi 5 février, un appel à projets pour "encourager des solutions ou modèles d'organisation (à l'échelle du chantier ou de la production du matériau) pour réduire la quantité de déchets, augmenter le taux de recyclage et la part de déchets recyclés dans la construction".
Réplication, massification, industrialisation
Ouvert du 3 février au 25 septembre dans le cadre du Programme d'investissement d'avenir, il concerne exclusivement le bâtiment et non les travaux publics. Il est doté de 20 millions d'euros.
Les projets "offrant un potentiel de réplication, de massification et d'industrialisation sont recherchés", et l'appel s'adresse d'abord aux entreprises, avec dossiers à déposer auprès de l'Ademe.
Le secteur chiffre l’impact carbone du recyclage des déchets
Selon une étude du Seddre (Syndicat des entreprises de déconstruction, dépollution et recyclage), publiée mardi 4 février 2020 et réalisée dans le cadre du programme R&D de la FFB, utiliser une tonne de déchets de béton recyclés plutôt qu'une tonne de béton vierge permet d'éviter l'émission de 27 kg de CO2. Et ce, en dépit des coûts de transport, de tri et de transformation nécessités par le processus de recyclage. Ce calcul, basé sur des flux réels observés sur des chantiers, le Seddre l’a répliqué pour les déchets inertes en mélange, les déchets non dangereux en mélange, le bois de classe B (faiblement traité), le plâtre et les métaux.
Sur la base de ces facteurs d’émission de CO2, il est désormais possible de calculer, par exemple, que le recyclage des 4550 tonnes de déchets issus de la démolition d’un logement collectif de 6 000 mètres carrés permet d’éviter l’émission de 230 tonnes de CO2, par rapport aux émissions qui résulteraient de l’extraction et de la production de 4550 tonnes de matériaux "neufs", montre l'étude. Et le recyclage de l’ensemble du gisement de béton de démolition, évalué à 17 millions de tonnes en France par le Seddre, éviterait l’émission de 460 000 tonnes de CO2, toujours par rapport à l’utilisation de matériaux vierges, soit l’équivalent des émissions annuelles d’une ville de 40 000 habitants.