Travaux de rénovation : parlez confort plutôt qu’économies d’énergie aux propriétaires !

Une enquête TNS Sofres pour le compte de Cap Consommateurs Habitants sur la motivation des propriétaires balaie l'idée selon laquelle les économies d'énergie constituent une préoccupation suffisante pour réaliser des travaux de rénovation.

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Travaux de rénovation : parlez confort plutôt qu’économies d’énergie aux propriétaires !

Serait-ce un pavé dans la mare ? Alors que l'on pensait que les propriétaires étaient poussés par les économies d'énergie, dans le cadre de leurs travaux de rénovation, une étude TNS Sofres réalisée en février 2009 sur un échantillon représentatif de 400 propriétaires révèle qu'il n'en est rien et que cette problématique est devancée par l'argument du confort.

Une surprise pour l', qui a souhaité, à travers cette enquête, mieux cerner les perceptions des consommateurs français sur les enjeux du Grenelle en matière d'économie d'énergie et ainsi déterminer les mesures déclencheurs de la décision d'achat.

Le confort : motivation principale des travaux

Sur l'ensemble de l'échantillon interrogé, seuls 22 % des sondés envisagent de réaliser des travaux dans les 3 ans pour améliorer leur logement. Parmi eux, une très faible part (19 %), projette de réaliser des travaux ayant un impact sur les économies d'énergie. « La motivation première est le confort, observe Paul Millot d'Armat (Arcelor Mittal), membre de l'Association. Cela passe principalement par le chauffage (60%), l'espace (34%), la luminosité (33%), l'aménagement fonctionnel (31%) et enfin l'isolation phonique et thermique (30%). 97% des personnes interrogées estiment d'ailleurs leur habitation confortable. Il n'est donc pas si simple d'engager des travaux s'ils ne touchent pas le confort ».

Plus en détail, lorsqu'il est demandé aux propriétaires les raisons qui les ont poussés à réaliser, au cours des 5 dernières années, des travaux de changement de fenêtres ou d'isolation, là encore les économies d'énergie n'arrivent qu'en dernière position , respectivement 11%, 20% et 24%, derrière le confort apporté et la performance pour l'économie d'énergie/CO2.

L'étude montre également que le chauffage est l'élément le plus important (32%) pour qu'un logement soit confortable, loin devant la luminosité (10%), l'espace (13%), l'isolation phonique et thermique (14%).

Le manque d'intérêt des consommateurs pour les économies d'énergie se traduit par le fait que 62 % des personnes interrogées n'ont pas prêté attention aux consommations d'eau et d'énergie lorsqu'ils ont acheté ou fait construire leur logement. Et sur 15 personnes ayant récemment acquis un bien immobilier, seule 1 personne était en mesure de citer son classement énergétique. Des chiffres à mettre en perspectives avec les 37 % de consommateurs qui estiment que réaliser des travaux d'économie d'énergie, c'est faire une dépense inutile tant qu'on n'a pas de problème de confort.

De l'intention au passage à l'acte : un pas de géant

Si la sensibilisation aux économies d'énergie évolue dans l'esprit des consommateurs, 95% sont d'ailleurs unanimes pour déclarer que le prix de l'énergie va augmenter ces prochaines années, 76 % d'entre eux pensent même que ce sont les logements les moins énergivores qui vaudront plus cher dans le futur, seules 15 % des personnes interrogées citent l'augmentation du prix de l'énergie comme un élément susceptibles de les inciter à réaliser des travaux d'économie. Ce faible intérêt va de pair avec l'opinion très favorable que les personnes interrogées ont de leur propre habitat. Selon l'étude, 83 % de l'échantillon considèrent que leur logement actuel est bien isolé (la qualité de l'isolation est surévaluée) et 97% qu'il est confortable.

Si 85 % des personnes interrogées pensent que les travaux d'économies d'énergie sont une priorité pour protéger l'environnement et 59 % admettent que ces travaux permettent de se valoriser car l'on protège l'environnement ; il n'en demeure pas moins que 61 % des propriétaires pensent qu'il existe d'autres moyens plus faciles pour protéger l'environnement. Ils citent à cet effet le transport, la gestion des déchets, la préoccupation autour du gaspillage, etc.

Pour 51 % des propriétaires, réaliser de tels travaux est interprétée comme une manière de se donner bonne conscience ! Quand les personnes interrogées sont amenées à se projeter dans du concret, les résultats sont encore plus significatifs et soulignent l'écart entre l'intention et l'action : seulement 10% de ceux qui envisagent des travaux citent la protection de l'environnement comme critère de choix. La protection de l'environnement arrive en 7ème position parmi les objectifs de leurs travaux.

Des retours sur investissement de moins de 5 ans

61 % des propriétaires interrogés pensent que les travaux liés aux économies d'énergie constituent un investissement difficile à rentabiliser. Les consommateurs sont pourtant bien conscients des dépenses énergétiques de leur habitat : 79 % affirment connaître leurs coûts de chauffage, 84 % leur consommation d'eau et 89 % leurs dépenses d'électricité.

Le montant de l'investissement est beaucoup plus important que la durée d'amortissement des travaux pour les consommateurs et ils considèrent à 74% qu'un retour sur investissement de 5 ans ou moins est acceptable.

Quant aux mesures incitatives suggérées comme le crédit d'impôt, le PTZ, elles recueillent une adhésion limitée puisque 25% ne savent pas si une quelconque mesure pourrait les pousser à entreprendre des travaux. Notons également que près de 40 % des interviewés sont incapables de citer un élément qui pourrait les inciter à mieux isoler leur logement. Les aides financières ont un effet d'aubaine plutôt que d'incitation.

Malgré tous les indicateurs (mesures incitatives, diagnostics, assistance technique, augmentation du prix de l'énergie), les consommateurs ne semblent pas « prêts » à franchir le cap, car le montant à investir est un facteur de blocage, face à un bénéfice qui est sous-évalué.

Suite à cette étude, l'association Cap Consommateurs Habitants appelle au pragmatisme. Parmi les pistes d'actions avancées, elle émet la possibilité de créer et valoriser des réussites de proximité, de lier les travaux d'économie d'énergie à des offres de confort et de montrer les fuites d'énergie (thermographie) tout en chiffrant les économies potentielles. L'attentisme du marché étant avéré, elle se demande même si la solution, pour atteindre le facteur 4, n'est pas d'obliger les travaux lors de la vente d'un logement !

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