Thibaut Robert, architecte : "La qualité d'un projet ne se limite pas à l'obtention d'un label"

Récent lauréat au "Lauriers 2009 de la construction bois" (ex aequo dans la catégorie extension-rénovation-réhabilitation) pour une extension de l'agence Essonne d'Immobilière 3F à Athis-Mons (voir aussi JDC n°161 de mai 2009), l'architecte Thibaut Robert, du cabinet Living and Building Archishop, évoque les particularités de son projet.

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Maquette

Pourquoi votre projet ne s'inscrit-il pas en tant que tel dans la démarche HQE ?

Pour ce projet d'extension, la démarche est tout d'abord écologique et urbaine. Nous avons cherché à brosser une certaine culture constructive, en accord avec les besoins de notre client qui souhaitait une "extension intelligente". Dans ce cadre, nous devions aboutir à une réalisation judicieuse qui compense les faiblesses de l'existant, notamment thermiques et énergétiques, tout en s'appuyant sur ses bases.

L'avantage principal de la démarche HQE, c'est la visibilité qu'elle peut donner à un projet. En revanche le côté systématique des cibles peut aboutir à une confusion chez le client entre le qualitatif et le quantitatif, au risque de faire primer le second au détriment du premier. Et il semble très réducteur de canaliser une volonté écologique derrière un jeu de cibles techniques... car ces cibles sont avant tout techniques.

Je pense aussi que la qualité d'un projet ne se limite pas à l'obtention d'un label et que l'aspect sensible prime. Il est pour moi évident que chaque projet doit réduire au maximum son empreinte écologique, pourquoi alors le labéliser sous la marque HQE ?

Le choix de l'utilisation du bois cède un peu à l'air du temps ?

C'est une solution actuelle dépourvue de toute aspiration tendance ! Au-delà d'un simple revêtement de façade, le bois en structure présentait beaucoup plus de qualité que l'acier, notamment pour la résorption des ponts thermiques. Ainsi la sur-isolation de l'extension compense la piètre performance du socle en béton, tout en profitant de l'inertie du matériau d'origine.

D'un point de vue de la mise en œuvre, la préfabrication suscitée par un chantier bois, présente beaucoup d'avantage, surtout en site occupé. Il permet une réalisation rapide (début de chantier en août, livré trois mois et demi plus tard) et de réduire les nuisances. La préparation en amont est une contrainte mais elle permet en contrepartie de lever la plupart des inconnues et de mieux anticiper le chantier.

D'un point de vue esthétique, le bardage bois de l'extension composé de tasseaux horizontaux, a permis de traiter la façade graduellement, passant de l'opacité (partie pleine) à la transparence (des baies et des gardes corps). Ce bardage prolonge la volumétrie existante, massive et statique avec légèreté, telle une excroissance graduelle cohérente avec l'environnement construit. Le bâtiment de la société I3F est un témoin historique de ce que qu'a été le quartier avant sa rénovation en cours. L'idée était donc de travailler sur l'interface entre l'existant et l'avenir. Puisque j'ai souhaité conserver en l'état l'ancien bâtiment, il a donné cadre à la composition de l'extension. Sa réhabilitation devait aussi être le témoin de la politique pro-active que le bailleur social entend promouvoir en matière de construction durable, et d'efficacité énergétique.

La performance du projet vient également des équipements techniques innovants qui ont été choisis ?

Le système de chauffage et de climatisation existant a été optimisé. Les deux chaudières au gaz et à condensation avaient été changées récemment. Elles ont donc été conservées et couvrent les besoins de chauffage de la partie ancienne du bâtiment tout en mettant 25 kW de capacité à disposition du nouvel étage. La climatisation des locaux est assuré par des groupes d'eau glacée, équipés de vannes tout ou rien. Dans chaque pièce, l'émission était assurée par des ventilo-convecteurs. Enfin, une ventilation simple flux assure le renouvellement d'air des locaux. L'extension du bâtiment fonctionne sur un principe de traitement et de distribution d'air. Ce système de ventilation doit garantir un confort à la carte et des consommations maîtrisées. Le tout permet une amélioration de l'ensemble du bâtiment. Les travaux ont également été l'occasion de traiter la salle de réunion du premier étage, avec apport d'air neuf et reprise. La ventilation des toilettes de l'extension se raccorde pour sa part à la partie existante du premier étage, avec un extracteur en toiture. Le système mis en place dans le cadre de l'extension repose sur la distribution d'air primaire pré-traité et des terminaux de ventilation à forte induction, le tout piloté par une régulation spécifique. C'est l'association de ces équipements qui fait aussi l'originalité du projet.

Et l'excellence se retrouve aussi au moment même du chantier ?

Deux cages d'escaliers internes ont dû être fermées à tour de rôle, nous avons donc joué sur les bouleversements de circulation pour faire en sorte que les occupants se rencontrent, différemment. Ainsi, les occupants occasionnels qu'étaient les intervenants du chantier ont côtoyé sans cesse les employés. Une vraie émulation s'est finalement créée entre les deux mondes. Les bons rapports humains sont une des clefs d'un chantier réussi. Et bien que le rôle de l'architecte soit d'orchestrer, il se doit d'être à l'écoute et très réactif pour assurer le dialogue entre les différents intervenants. Il doit remédier aux démotivations, aux temps d'arrêts en donnant continuellement du rythme au chantier.

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