Les violents épisodes pluvieux se succèdent année après année en Méditerranée. Cet automne, dans les Alpes-Maritimes, ils ont été particulièrement intenses frappant de plein fouet, dans la nuit du vendredi 2 au samedi 3 octobre, les villages des vallées de la Roya, de la Tinée et de la Vésubie. Pour une fois, le littoral a été relativement préservé. A l’embouchure des rivières qui dévalent depuis les sommets des Alpes, les plages envahies de boues, de troncs d’arbres et de détritus sont les seuls signes des ravages provoqués par la crue.
Les équipements publics lourdement touchés
Si le bilan humain s’annonce lourd avec deux morts et une dizaine de personnes disparues à ce jour, les dégâts matériels s’annoncent colossaux.
Christian Estrosi, le président de la métropole Nice-Côte d’Azur, a avancé le chiffre de 150 à 200 millions d’euros pour estimer le coût de la reconstruction des infrastructures et équipements publics des communes de l’arrière-pays niçois.
Les dégâts sont de tous ordres. Bâtiments, stations d’épuration, réseaux, routes et ouvrages se sont effondrés sous l’assaut de la tempête et des pluies diluviennes offrant un spectacle de désolation aux secouristes et autres agents envoyés sur le terrain pour faire un premier diagnostic. Dans les communes du haut et moyen pays de la métropole Nice-Côte d’Azur, « des centaines de maisons ont été emportées par la crue et 60 % des habitants sont concernés par des manques d’eau », a précisé Christian Estrosi, lors d’une conférence de presse donnée via zoom, ce 5 octobre.
Fonds d’urgence
Devant l’ampleur des travaux, il a annoncé le déblocage par la métropole de 20 millions d’euros de fonds d’urgence. Par ailleurs, les communes d’Ilonse, de Belvédère, de la Bollène-Vésubie, de Roquebillière, de Venason et Saint-Martin-Vésubie, vont bénéficier « du triplement de leur dotation de solidarité métropolitaine pour 2020, pour un montant de près de 650 000 euros », a-t-il poursuivi.
L’édile table sur l’aide de l’Etat et de l’Union européenne pour compléter les moyens qu’il va mettre sur la table pour aider à la reconstruction. Le Président de la République Emmanuel Macron, qui a annoncé sa venue sur les zones sinistrées ce mercredi 7 octobre, l’a promis. De même, le chef de l’Etat a assuré Christian Estrosi de la reconnaissance de l’état de catastrophe naturelle de l’ensemble de la métropole.
Vallée de la Roya
Le territoire de la métropole Nice Côte d’Azur n’est pas le seul impacté par la tempête Alex. Plus à l’est, dans les villages de la vallée de la Roya, dépendante de la communauté d’agglomération de la Riviera française, la priorité est aussi de rétablir le réseau d’eau potable.
Suite à la crue de la Roya, ce jour, à 16h, deux points d’eau avaient été remis en état à l’hôpital et à la caserne des pompiers à Breil-sur-Roya. La commune est pour l’heure, la seule accessible par la route suite à des travaux de première urgence. Sur les quatre autres communes sinistrées de la vallée de la Roya et leurs hameaux, techniciens et agents font actuellement l’état des lieux des dégâts. « Sur la RD2204, entre Breil et Tende, la situation est catastrophique. Nous avons dénombré une cinquantaine de brèches. Ce sont soit des ponts, soit des routes qui ont été emportées », a-t-on appris.

Le pont Maïssa qui relie Boréon à Saint-Martin-Vésubie est tombé suite aux assauts des pluies diluviennes. © FBTP06
Le BTP impliqué
En attendant le lancement de la reconstruction, qui prendra des années, selon de nombreux témoignages, les travaux d’urgence ont démarré. Les entreprises locales de travaux publics y prennent leur part travaillant, depuis le début, de concert avec les collectivités pour rétablir le minimum de communications : « Nous intervenions à la fois depuis le nord et depuis le sud. Cela a consisté à déblayer les routes encombrées de boues, de blocs de pierre et d’arbres ainsi qu’à mettre en sécurité les ouvrages pour faciliter l’arrivée des secours », a précisé au Moniteur Pierre Mario, vice-président de la Fédération du Bâtiment et des Travaux publics des Alpes-Maritimes (FBTP06) et dirigeant de l’entreprise de TP Valtinée, située en haut de la vallée de la Tinée. Par exemple, ses propres équipes ont remis en état un tronçon de route abandonnée depuis la construction en 1989 de la route métropolitaine 2205 au niveau de Bancairon. « Des équipes sont parties de Saint-Etienne-de-Tinée en direction de Nice pour sécuriser la voie ancienne car la double voie pratiquée à ce jour a été ensevelie sous plusieurs mètres cubes de blocs de pierre », précise-t-il.
Priorités
Après ces premiers travaux d’urgence et un état des lieux pour vérifier la solidité des ouvrages endommagés, la FBTP06 veut établir une liste par secteur de façon à mettre à disposition les moyens adéquats et aussi établir des priorités. « C’est là où nous allons jouer notre rôle. Nous allons coordonner nos adhérents de façon à mettre les moyens en adéquation avec les besoins par secteur. Il s’agit de ne pas déplacer des moyens situés à plus d’une trentaine de kilomètres alors qu’ils existent à proximité des zones sinistrées », déclare Pierre Mario.