Après le congrès de l’USH, le 25 septembre, la toute nouvelle ministre du Logement et de la Rénovation urbaine a réalisé, mercredi 2 octobre, une autre figure imposée par son portefeuille : une déambulation de près de deux heures dans les allées du Mondial du Bâtiment, qui se tient du 30 septembre au 3 octobre à Paris.
En terrain conquis
Comme les bailleurs sociaux la semaine précédente, les acteurs du bâtiment lui ont réservé un accueil des plus chaleureux. « Je suis à vos côtés », assure d'emblée Valérie Létard, qui a semblé arriver en terrain conquis. Sa connaissance fine des dossiers du secteur, son expérience d’élue locale, mais aussi sa nomination à la tête d'un ministère de plein exercice constituent des atouts très appréciés des professionnels. « On n’aurait pas pu trouver meilleur profil », tranche Olivier Saleron, président de la Fédération française du bâtiment, qui a déjà connu six ministres du Logement en quatre ans et demi à la tête de l'organisation professionnelle.
Entre le congrès de Montpellier et le salon de la porte de Versailles, ce sentiment positif s'est même confirmé. Le discours de politique générale, prononcé le 1er octobre par Michel Barnier, a en effet donné une large place à la question du logement. Avec, notamment, l’annonce de l’extension du PTZ à tout le territoire pour les primo-accédants, « une décision que tout le monde attendait mais que personne n’espérait » sourit la ministre. Olivier Salleron savoure : « Cela fait deux ans que l’on escomptait des mesures positive pour le logement ».
Sur une ligne de crête
Devant les députés, le Premier ministre avait aussi évoqué la question du DPE, suggérant un décalage potentiel du calendrier des interdictions de mise en location des passoires énergétiques. Jusqu’à nouvel ordre, les logements classés G ne pourront plus être loués à partir du 1er janvier 2025. Pressée de préciser le choix du nouvel exécutif, la ministre du Logement évoque une « ligne de crête » : « régler les difficultés sans perdre le cap ». Dans son viseur en particulier : le cas épineux des copropriétés, dans lesquelles les travaux de rénovation peuvent prendre beaucoup de temps et qui pourraient bénéficier d’un assouplissement, même si la ministre ne l’a pas annoncé clairement.
Les annonces, Valérie Létard n’était pas là pour ça. Elle se voulait avant tout « à l’écoute ». Sur le stand de la Capeb, elle s’est entretenue avec Jean-Christophe Repon, président de la confédération des artisans. Derrière une porte fermée, ce dernier a voulu lui faire passer quelques messages, à commencer par le besoin impérieux de « renouer la confiance avec les artisans, mais aussi les particuliers. » Conscient des contraintes qui pèsent sur les finances publiques, il a ainsi plaidé auprès de la ministre pour la mobilisation de l’épargne privée pour débloquer les chantiers. Plutôt que de ressusciter de vieux mécanismes, « il faut se réinventer », estime-t-il.
Initiatives parlementaires
« A l’écoute » des entreprises de bâtiment donc, mais pas seulement. Voguant de stand en stand, Valérie Létard a aussi reçu les doléances des industriels de la construction, réunis en nombre sur Batimat, Idéobain et Interclima. D’Aldes à Poujoulat, sans oublier l’incontournable Saint Gobain, la ministre a été sensibilisée aux intérêts des fabricants tricolores. Directeur général de Wienerberger France, Frédéric Didier, a ainsi pu en quelques minutes, évoquer avec elle « des produits 100% français, les 25 sites de productions dans l’Hexagone et des solutions pour les rénovations énergétique et urbaine » à celle qui a en charge le Logement… et la Rénovation urbaine.
Si le capital sympathie de Valérie Létard est indéniable, cette fine politique sait qu’elle sera jaugée à sa capacité à remporter les arbitrages. Et que l’élaboration futur projet de loi de finances pour 2025 constitue une véritable épreuve du feu. Cependant, elle compte également s’appuyer sur diverses initiatives parlementaires pour débloquer des points de difficultés et simplifier les projets, à l’instar de la proposition de loi visant à faciliter la transformation des bureaux en logements. Un texte dont la discussion, pourtant bien avancée, avait brutalement été interrompue par la dissolution. Pour réussir, la ministre sait qu’elle devra aussi se montrer « à l’écoute » des parlementaires.