Le fonds d'investissement français PAI partners, qui détient 87,25% du capital du groupe (le solde étant entre les mains des salariés), entame une réflexion sur l'opportunité de mettre en vente le groupe qu'il a acquis en juillet 2006 pour 980 millions d'euros. Olivier de Vregille, associé de PAI, a déclaré le 24 mars : "Spie est désormais une formidable plateforme de développement et peut entamer une nouvelle phase de son histoire". "Toutes les options sont ouvertes, soit une introduction en Bourse, soit une vente à un fonds d'investissement ou à un industriel", a déclaré jeudi à l'AFP un porte-parole de PAI. Gautier Louette, le P-DG de Spie, n'est pas tout à fait de cet avis. "Une introduction en Bourse me parait difficile à très court terme", a-t-il estimé. Du côté des industriels, le P-DG du groupe estime que Vinci serait empêché en raison d'une part du marché français déjà importante, Bouygues n'a jusque-là pas manifesté l'envie d'investir dans ce métier et Eiffage est plutôt centré sur son désendettement. En Europe, le Néerlandais Imtech a d'ores et déjà indiqué qu'il n'était pas intéressé. Un rachat par un fonds d'investissement étranger via un LBO (leverage buy out ou rachat par endettement) secondaire paraît donc l'hypothèse la plus probable pour racheter cette entreprise valorisée entre 1,5 et 2 milliards. Ce que confirme M. Louette : "Je ne vois pas beaucoup de fonds français qui pourraient être intéressés et pour le moment il n'y a pas eu de marque d'intérêt de la part des industriels ou de fonds souverains", a ajouté M. Louette, en présentant les résultats du groupe à la presse.
Réaliser la moitié de son activité à l'étranger
M. Louette ne cache pas sa préférence pour une introduction en Bourse (éventuellement à côté d'un investisseur de référence), à l'image du Néerlandais Imtech, car elle garantirait l'indépendance du groupe. Mais passer par un nouveau LBO ne lui fait pas peur. "Nous n'avons jamais autant fait de croissance que depuis que nous sommes détenus par PAI", avance M. Louette. Cela ne l'empêchera pas de se concentrer sur son objectif opérationnel, à savoir réaliser la moitié de son activité à l'étranger d'ici trois ans, contre 38% aujourd'hui. Spie a déjà acquis 1 milliard de chiffre d'affaires depuis cinq ans. Il entend notamment accentuer sa présence en Europe du Nord, marché moins concentré qu'en France et où les marges et les délais de paiement sont corrects. Il a déjà identifié des cibles en Scandinavie dans ses métiers traditionnels et regarde également aux Pays-Bas (tertiaire) et au Royaume-Uni (plutôt dans l'industrie et les infrastructures). Pour y parvenir, il mise sur la croissance externe et pourra y consacrer jusqu'à 180 millions cette année. M. Louette juge toutefois que les prix d'achat sont assez élevés, ce qui peut retarder les opérations.
Spie emploie 28 600 personnes dans une trentaine de pays et a dégagé l'an dernier un bénéfice net de 91 millions d'euros (contre 86 millions en 2009). Son résultat opérationnel courant s'établit à 192,3 millions (+5,4%) pour un chiffre d'affaires de 3,75 milliards (+0,7%), dont plus d'1 milliard réalisé dans l'ingénierie électrique, son métier historique. Spie enregistre près des trois quarts de son activité dans les services régionaux multitechniques en France et en Europe (soit 2,8 milliards au total) et le reste dans les services de spécialités (communications, Oil & Gas, nucléaire, pour près d'1 milliard). Pour 2011, le groupe table sur une légère progression de son chiffre d'affaires, fort d'un carnet de commandes en hausse de 6% sur un an. Très attaché au contenu technique des services fournis par son groupe, M. Louette ne croit pas tellement au facility management. En revanche, il ne cache pas son intérêt pour les partenariats public-privé de petite taille (15 à 20 millions d'euros sur la durée du contrat), qui montent doucement en puissance, notamment dans l'éclairage public. Enfin, les travaux de sécurisation des centrales nucléaires, consécutifs au séisme japonais, pourraient aussi lui amener un surcroît d'activité, dans un secteur où il est l'un des principaux acteurs (avec 152 millions de chiffre d'affaires). Henri Proglio, P-DG d'EDF, avait précédemment chiffré à 500 millions d'euros au moins le coût des travaux liés d'allongement de la durée de vie des 58 réacteurs français.