Interview

Notre-Dame: «Selon l’état de la maçonnerie, le coût de la rénovation peut varier de un à trois»

Pascal Asselin. Ancien vérificateur des monuments historiques, bâtiments civils et palais nationaux, l’actuel président de l’Untec détaille les difficultés propres aux chantiers de restauration du patrimoine.

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Pascal Asselin, président de l'Untec.

Un incendie vient de ravager Notre-Dame de Paris. Quels sont les premières étapes à franchir ?

Il faut d’abord mettre en sécurité l’édifice, dans le but de protéger les personnes qui seront amenées à y travailler. Cela impliquera entre autres de démonter l’échafaudage installé et coûtera probablement entre 10 et 20 millions d’euros.

La seconde étape consiste en l’installation d’un parapluie géant au-dessus de la cathédrale. Ensuite viendra la phase cruciale du diagnostic. Même si la France dispose des experts et des ingénieurs compétents, cela nécessitera un certain temps. Il faudra en particulier évaluer l’état des zones de pierres et de briques altérées par le feu et l’eau.

Ce diagnostic permettra-t-il d’y voir plus clair sur les coûts ?

C’est une étape primordiale. La charpente est détruite, on sait d’ores et déjà qu’il faudra la reconstruire. En revanche, selon l’état de la maçonnerie, la facture peut aller de 1 à 3. L’Untec propose d’ailleurs à l’Etat de réaliser gratuitement une expertise. Mais nous ne pourrons réellement commencer à chiffrer les travaux qu’ensuite, au moment de l’avant-projet sommaire.

"J’ai du mal à comprendre un discours érudit qui voudrait que l’on reconstruise quelque chose de contemporain"

Le parti architectural sera alors déterminant ?

Bien entendu. Sur ce sujet, j’ai du mal à comprendre un discours érudit qui voudrait que l’on reconstruise quelque chose de contemporain. On ne va pas tourner le dos à notre histoire ! Au contraire, il faudrait en profiter pour en faire un chantier vivant afin que le grand public puisse s’approprier ce joyau national à travers des visites.

Et une livraison dans cinq ans, est-ce envisageable ?

C’est possible mais à quel prix ? Le chantier de la rénovation du Panthéon a duré 24 mois, en plus des 18 mois d’études. Et ce n’était qu’un chantier à 20 millions d’euros. La rénovation de Notre-Dame coûtera plusieurs centaines de millions d’euros. Par comparaison, le budget de la restauration de la cathédrale de Tournai, qui concernait la nef, le chœur et les quatre tours et dont j’ai réalisé le schéma directeur, atteignait 230 millions d’euros.

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