Citius, Altius, Fortius » - « Plus vite, plus haut, plus fort » -, comme l'exige la devise, mais surtout des Jeux pour tous. Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 entendent en effet propulser l'accessibilité universelle sur le devant de la scène. Encore balbutiante, cette notion dépasse de loin l'approche traditionnelle visant à aménager les ouvrages en tenant compte du handicap. Il s'agit de changer de paradigme pour concevoir des équipements, des logements, de nouveaux quartiers pour l'ensemble des habitants, quel que soit leur âge, leur sexe, leur degré d'autonomie ou leur handicap.
A ce titre, le futur village des athlètes implanté sur Saint-Denis, Saint-Ouen et L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) fait office de laboratoire. La totalité des logements destinés à accueillir 14 000 sportifs et leurs accompagnants, puis 9 000 personnes en phase paralympique a fait l'objet d'une conception universelle : ouvertures de 90 cm pour faciliter la circulation des fauteuils roulants, prises de courant placées en hauteur, salles de bains sécurisées avec des douches sans ressaut, installation de barres de maintien ou de robinets thermostatiques ergonomiques. D'autres aménagements seront possibles en fonction des demandes spécifiques des athlètes.
L'accessibilité ne se limitant pas à la sphère privée, l'espace public du village olympique s'est mis au diapason. « Plusieurs rampes facilitent les cheminements dans ce quartier où existe un dénivelé de près de 12 m entre le point le plus haut et les bords de Seine », explique Pierre-Antoine Leyrat, chef de projet Accessibilité à la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solidéo), aménageur de la ZAC du Village olympique et paralympique. De forme hélicoïdale pour symboliser les anneaux, celle de la place Olympique constituera l'un des ouvrages phares de ce nouveau morceau de ville.
Signalétique à trois niveaux. Toujours pour faciliter les déplacements, des assises sont prévues tous les 50 m, et le mobilier urbain s'adapte à tous les usages. La Solidéo a aussi mis l'accent sur une signalétique envisagée à trois niveaux. Elle investit le sol, fait appel à de nombreux panneaux verticaux et sollicite quelques bornes multi sensorielles. Tactiles et sonores, ces dernières rendent bien plus aisé le repérage des personnes atteintes de déficiences visuelles, intellectuelles ou cognitives et de celles ne maîtrisant pas la lecture.
Hors du village, tous les équipements sportifs répondent eux aussi à une conception universelle. Le plus abouti est le Pôle de référence inclusif et sportif métropolitain (Prisme), nouvelle arène sportive de Bobigny (Seine-Saint-Denis) où tout a été pensé pour faciliter l'orientation, prévenir et gérer les situations de stress (espaces de décharge cognitive) ou encourager la pratique du handisport (tracé au sol grâce à un éclairage leds). « Ce que l'on fait pour 10 % de la population sera utile à 40 % des habitants et finalement bien plus confortable pour tous », promet Ludivine Munos, triple championne paralympique de natation, actuellement responsable Intégration et Accessibilité pour le comité d'organisation Paris 2024.