Chargés de détecter la naissance d’un feu et de déclencher un signal d’alarme, les détecteurs de flammes font partie intégrante des barrières techniques de sécurité (BTS) communément utilisées pour la protection incendie des installations industrielles, dans le domaine des industries de process notamment.
Pour autant, au-delà des spécifications techniques théoriques, il existe un certain flou quant à leurs performances réelles en termes de portée de détection, d’angle de vision et de robustesse vis-à-vis des perturbations atmosphériques ou électromagnétiques pouvant générer de fausses alarmes. D’où l’élaboration d’une campagne de tests financée par le Ministère en charge de l’écologie et menée par l’Ineris sous la houlette de Samuel Mauger, responsable de l’unité barrières et équipements de sécurité à la direction des risques accidentels. « Réalisés avec le concours de cinq fabricants qui nous ont fourni une trentaine d’appareils, les résultats montrent que la portée de détection et l’angle de vision horizontal des détecteurs sont très variables d’un produit à l’autre : près de 60% des appareils ne tiennent pas les performances spécifiées - avec un écart de 1 à 3 dans certains cas - mais 40% les dépassent », indique Samuel Mauger.
Marges de sécurité
Et de préciser que les différences constatées tiennent non seulement à la technologie de détection retenue mais aussi au réglage de sensibilité, « pas toujours modifiable sans retour en usine ». Effectués pour partie avec les équipes suédoises du SP Technical Research Institute, les essais ont porté aussi bien sur les détecteurs infra-rouge multibandes que sur les détecteurs ultra-violet/infra-rouge, les premiers se révélant plus sensibles que les seconds. Dans près de 50% des cas, cette sensibilité est influencée par l’orientation de l’axe optique. Les angles de vision horizontaux constatés à l’air libre se sont révélés inférieurs à ceux mesurés sur banc optique et ne dépassent généralement pas 60°. Les temps de réponse fluctuent quant à eux entre 3 et 25 secondes, soit davantage, parfois, que ceux spécifiés, mais moins que les 30 secondes exigées par les normes. Enfin, l’ensemble des matériels testés apparaît bien protégé contre les risques de fausses alarmes, qu’il s’agisse de perturbations électromagnétiques, de vent ou encore d’humidité. En conclusion, s’il estime que les appareils évalués remplissent globalement leur fonction, Samuel Mauger recommande toutefois de prendre des marges de sécurité importantes, notamment en installant les détecteurs à la moitié seulement de la distance maximale indiquée à l’air libre.