Sanitaires : des toilettes au régime sec en logement collectif

A Dol-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine), les résidents de L'Oôôberge, un habitat participatif de 23 logements, organisent régulièrement, à l'intention des professionnels de la construction, des visites… de leurs toilettes. Leur résidence en R + 2 expérimente en effet depuis deux ans un système de WC sans eau ni sciure. Unique en France à cette échelle, le projet est suivi de près par le Laboratoire eau, environnement et systèmes urbains (Leesu), commun à l'Ecole des ponts ParisTech et à l'université Paris-Est Créteil.

Le maître d'œuvre a travaillé avec la Scic Ecosec qui développe la solution Ecodoméo, « l'un des rares systèmes de toilettes sèches qui sépare les urines des matières fécales tout en restant compatible avec le logement collectif », relève Julien Guénéguès, architecte de l'agence Rhizome en charge du projet. Concrètement, dans la cuvette, un tapis roulant actionné par l'utilisateur sépare automatiquement les liquides des solides. Les premiers sont recueillis à l'avant pour être évacués via une canalisation spécifique vers l'une des trois cuves de 5 m3 enterrées au rez-de-chaussée. Le volume total représente six mois de stockage pour 40 habitants. Les matières fécales ainsi que le papier sont entraînés par le tapis vers une caisse positionnée à l'arrière. Une seconde caisse, ventilée par une prise de VMC, recouvre la première. Ce dispositif, volumineux mais simple, neutralise les odeurs.

Réversibilité du système. Engagé dans cette expérimentation dès le départ, le maître d'ouvrage, l'OPH Emeraude Habitation, avait posé deux conditions préalables : la réversibilité du dispositif et le respect des normes PMR. L'équipe de maîtrise d'œuvre a donc prévu un double réseau pour permettre l'installation de toilettes avec ou sans eau. Implantées dans la salle de bains, les gaines techniques ont été légèrement surdimensionnées pour faire passer l'ensemble des fluides : le classique avec eau potable et retour des eaux usées, et le complémentaire avec la ventilation du caisson des toilettes et la descente des urines. La gaine renferme aussi la VMC du logement. En revanche, le respect des normes d'accessibilité n'a pas été possible du fait de l'important volume des caisses. Si tous les appartements ont été livrés avec des WC classiques en 2021, 17 d'entre eux ont vu leur dispositif d'origine remplacé par des toilettes sèches à l'initiative de leurs occupants.

La réussite du projet est également conditionnée à la mise en place des solutions pérennes de collecte et de compostage. Ici, le lycée agricole de la ville assure la vidange des cuves d'urine trois fois par an pour les utiliser comme engrais, tandis que les bacs de matières fécales stockés en abri ventilé sont collectés une fois par mois par l'association Compost'Tout. Quant aux habitants, ils ont divisé leur consommation d'eau par deux, ce qui représente 80 euros d'économie par an et par personne.