Jamais depuis les premiers relevés météorologiques en 1959, la France n'avait connu un mois de juillet aussi sec. Et le bâtiment est aux premières loges pour limiter la pénurie d'eau, laquelle pourrait bien devenir structurelle. « Le secteur ne se transformait qu'avec l'efficacité énergétique en ligne de mire. La sobriété hydrique des ouvrages a été oubliée, déplore Magali Reghezza-Zitt, géographe, maître de conférences à l'Ecole normale supérieure et membre du Haut Conseil pour le climat. Nous avons encore le choix de réduire nos consommations car sans action, nous subirons, avec pour punition seulement 3 l d'eau par jour et par personne. » Avant d'en arriver là, des solutions existent pour réduire nos consommations et cesser de considérer cette ressource comme inépuisable et bon marché. La start-up toulousaine Ilya (Mondial du Bâtiment, hall 3, stand E2) a ainsi créé une douche cyclique qui permet de réutiliser, en instantané et en local, une partie de l'eau. « Nous distinguons la phase de douche d'hygiène et la phase récréative, plus longue, qui permet de passer du bon temps sous l'eau, explique Simon Buoro, cofondateur de l'entreprise. Lors de la première, l'eau est immédiatement évacuée vers les égouts. Par contre, l'eau dite “de plaisir” est réintégrée dans une colonne, filtrée, stérilisée et réchauffée via un chauffe-eau instantané avant d'être renvoyée à l'utilisateur. Ce volume d'environ 5 l peut effectuer autant de cycles que souhaité avant d'être évacué en fin de douche. » Un simple bouton permet à l'utilisateur de passer au mode recyclage. Encore à l'état de prototype, la douche Ilya permettrait une économie d'eau d'environ 70 %. Elle devrait être lancée en 2023.
La domotique pour réguler les débits. Autre start-up investie dans la lutte contre le gaspillage, My Water Manager (hall 3, stand F40)a mis au point des capteurs de débit électromagnétiques qui s'insèrent sur le réseau de plomberie pour réguler les débits d'eau. Conçue au départ pour localiser les fuites, la solution a rapidement trouvé un autre débouché dans la gestion des consommations.
Les modules fonctionnant comme des vannes connectées envoient des informations sur une application afin de suivre l'écoulement en direct. « Voir le débit d'eau journalier sur un écran permet une prise de conscience qui entraîne un changement de comportement, explique Yann Duhal, directeur technique de l'entreprise. La connaissance permet de réduire de 15 % le volume d'eau consommé ». Mais la solution est aussi pro- active puisqu'elle permet de réguler le débit instantané en litres/minute. Il est ainsi possible de programmer la durée d'une douche, et de réduire le débit une fois le temps écoulé.
Systèmes adaptés à l'hôtellerie. My Water Manager travaille également sur une solution qui consisterait à coupler ses modules aux cartes électroniques qui déclenchent l'électricité dans les chambres d'hôtel. La commande électrique d'une chambre servirait aussi à l'ouverture et à la fermeture immédiate de l'eau une fois le client sorti.
«Nous sommes toujours en retard d'une innovation, mais il y a désormais urgence à trouver des solutions, insiste Magali Reghezza-Zitt. L'écologie punitive sera due à notre inaction. Reste à changer les imaginaires et notre rapport à l'eau. » Certains s'y emploient déjà.
