L’usage des planchers chauffants/rafraîchissants basse température (PCBT) progresse dans le logement individuel neuf. Cependant, un point de règlement contrarierait quelque peu cette avancée. Selon Cochebat, le syndicat national des fabricants de composants et systèmes intégrés de chauffage, rafraîchissement et sanitaires, la variation temporelle affectée au PCBT dans la RT 2012 serait surévaluée. Cette critique s’appuie sur une série de mesures réalisées par le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB).
Pour compenser le manque d’homogénéité d’un dispositif de chauffage ou sa trop grande inertie thermique, il est parfois nécessaire de régler la consigne de la régulation au-dessus de la température souhaitée. Les logiciels de calcul RT 2012 prennent en compte cette réalité. La consommation d’énergie primaire (Cep) est proportionnelle à une température de consigne de chauffage. Celle-ci est calculée en additionnant une température de consigne initiale, la température souhaitée dans le local, et deux valeurs correctives : la variation spatiale et la variation temporelle. Elles représentent les quelques degrés supplémentaires à ajouter à la consigne pour obtenir la température voulue. Ces deux grandeurs varient en fonction des moyens de chauffage employés et du type de régulation.
Des valeurs bien inférieures à la réglementation
Sur le marché du logement neuf, l’attractivité d’un système dépend de sa capacité à correspondre au cadre réglementaire. Une variation temporelle importante augmente la Cep du bâtiment et peut nuire à la notoriété d’un produit. Pour les PCBT, elle est fixée par défaut à 1,8 K « Ce coefficient élevé pénalise la filière. Il est supposé modéliser l’inertie thermique propre à cette technique. C’était peut-être vrai dans les années 1980, mais aujourd’hui les solutions proposées sont bien plus réactives. Elles sont adaptées aux exigences de la RT 2012 », déplore Florent Kieffer, vice-président de Cochebat et directeur de la branche Solutions et Réseaux du bâtiment d’Acome.
L’opinion du syndicat se fonde sur une campagne d’essais. À l’aide d’un nouveau banc d’essai, le CSTB a évalué la variation temporelle de plusieurs modèles de PCBT. « À l’image d’autres études européennes, les résultats obtenus sont compris entre 0,5 et 0,7 K. Ils sont bien inférieurs aux valeurs par défaut d’un moteur de calcul RT 2012. Notre objectif est d’affiner ces tests au cours de l’année. Ces travaux ouvrent de nouvelles perspectives pour notre marque Certitherm », souligne Florent Kieffer.
Au-delà de cette question technique, le secteur sera également confronté aux changements d’application de RT 2012. Le gouvernement a choisi de prolonger la dérogation pour les logements collectifs jusqu’en 2018. Il a aussi accordé une dispense aux bâtiments de petites surfaces. « C’est décevant, mais cohérent avec la réalité du secteur. La mise en pratique de certaines dispositions requiert du temps, analyse Florent Kieffer. Dans la morosité actuelle, la suspension provisoire de ces aspects peut libérer quelques chantiers. Toutefois, ce mouvement ne doit pas se transformer en retraite définitive. Les industriels ont investi. Leurs innovations sont prêtes à répondre aux nouveaux enjeux réglementaires ».