L’usine française Rockwool, créée il y a 45 ans dans le Puy-de-Dôme et employant environ 600 des 800 personnes, va bénéficier d’un lourd investissement : 100 M€ vont être dépensés par le groupe danois pour faire migrer d’ici 2027 deux de ses trois lignes de fabrication de laine de roche vers une alimentation 100% électrique. Ces deux lignes sont, pour l’heure alimentées par du coke, un dérivé du charbon.
Pas de retard de livraison
L’enjeu, en termes d’empreinte carbone, est majeur car la fabrication de la laine de roche représente une consommation énergétique importante. « Pour créer de la laine de roche à partir du basalte, notre matière première, ou d’une laine de seconde main, il faut fondre celle-ci à 1600 degrés. Cette étape de fusion est donc très énergivore », explique Matthieu Biens, directeur marketing et développement produit Europe du Sud.
Pour cette transition, Rockwool a fait le choix de l’adaptation de ses lignes de production existantes plutôt que l’acquisition de lignes neuves, ce qui devrait lui permettre de minimiser les arrêts de production. « Aucune interruption ou retard de livraison n’est à craindre », veut rassurer Matthieu Biens. La rénovation de la première ligne sera terminée pour l’été 2026, la seconde pour l’été suivant. La troisième ligne de fabrication de laine de roche de Rockwool Saint-Eloi-les-Mines est, quant à elle, déjà électrique. Cet investissement doit permettre de réduire de 60% l’empreinte carbone finale des laines Rockwool.
Répondre à la demande de produits bas carbone
En France, le géant danois distribue sa laine de roche (200 000 tonnes par an) via les grandes surfaces de bricolage, les négoces et en direct auprès du client final pour les grands comptes. Plus de 50% de son activité sont tournés vers la rénovation, en particulier l’isolation thermique par l’extérieur.
Selon Matthieu Biens, la demande pour les produits bas carbone serait indiscutablement déjà bien présente. « Lorsque nous échangeons avec nos clients négoces, deux demandes reviennent systématiquement : la RSE et l’empreinte carbone. Il ne faut pas oublier que pour les distributeurs, leur empreinte carbone dépend majoritairement de celle de leurs fournisseurs ».
Et de poursuivre : « Cet investissement dans l’électrification de notre production représentera un avantage concurrentiel, notamment dans le neuf, car cela nous place comme un acteur capable de proposer des produits durables, ce qui devient incontournable avec la RE2020 et les diverses réglementations. Et puis, même si l’isolation ne représente que 4 à 5% de l’empreinte carbone de l’enveloppe d’un bâtiment neuf, nous voulons prendre notre part », poursuit-il.
Pour rappel, et afin d'être complet, Rockwool emploie 12 000 collaborateurs dans le monde sur 42 sites (principalement situés en Europe) et a réalisé en 2024 un chiffre d’affaires de 4,15 milliards de dollars.