Cent-quarante hectares d'anciens terrains industriels et militaires, qui s'étendent sur deux communes à l'intérieur du boulevard périphérique : la ZAC de la Courrouze fournit à l'agglomération rennaise une occasion idéale de conjuguer au présent les ambitions de son nouveau programme local de l'habitat, qui met l'accent sur la qualité et la diversité des formes urbaines, dans un souci de mixité sociale et générationnelle accru. Au sein de la communauté d'agglomération de Rennes Métropole, maître d'ouvrage du projet, élus et techniciens sont unanimes : « Il s'agit d'une opération d'aménagement majeure qui doit être perçue comme un dossier de référence tout au long de son développement », résume Christian Le Petit, directeur général des services techniques de l'agglomération. C'est le tandem italien Bernardo Secchi-Paola Vigano, associé au paysagiste Charles Dard et au bureau d'études GEC ingénierie, qui a été retenu pour aménager le site. La création de la ZAC, en décembre 2003, a donné le coup d'envoi formel de ce projet qui devrait s'échelonner sur une quinzaine d'années, les premiers travaux d'aménagement étant attendus au second semestre 2005. Afin de répondre aux importants besoins de l'agglomération en matière d'habitat, il est prévu de construire 4 000 logements, dont 25 % à caractère social. L'offre en immobilier tertiaire et de services devrait bénéficier de 100 000 à 120 000 m2 de shon. Rennes Métropole a également décidé de réaliser une réserve foncière au coeur de la ZAC, afin d'accueillir un équipement structurant à l'échelle de l'agglomération, mais dont la vocation (enseignement, culture...) n'est pas encore définie.
« Nous avons décidé de réaliser ce projet dans une logique de développement durable. Il s'agit de concevoir non pas un bâtiment HQE, mais tout un morceau de ville répondant à ces critères de haute qualité environnementale », souligne Bernardo Secchi. « Nous voulons pousser l'expérimentation le plus loin possible, pour une approche HQE réaliste, qui soit présente dès la conception », renchérit Paola Vigano. Cette démarche novatrice s'appuie sur des études hydrauliques précises, afin d'imaginer des systèmes de retenue d'eau performants en cas de fortes précipitations. Le terrain en forme de cuvette présente une légère déclivité naturelle. Une topographie a priori contraignante, mais que les urbanistes vont utiliser « comme un dispositif d'architecture », structurant les différents espaces publics et privés. Le projet des lauréats prévoit ainsi la création d'une vaste coulée verte et d'une grande prairie, reliant la Courrouze au centre-ville de Rennes et au parc naturel de la Prévalaye. « Le paysage est conçu comme la nouvelle infrastructure du lieu. Nous cherchons à maintenir la biodiversité présente sur le site, notamment dans les friches actuelles », explique le paysagiste de l'équipe, Charles Dard. Pour cette raison, il préconise de conserver partiellement le long mur d'enceinte en schiste qui signe la mémoire du lieu et protège aussi les arbres et les plantes qui ont poussé à son pied.
Le traitement des modes de déplacement au sein du futur quartier fait aussi l'objet de réflexions approfondies : des « liaisons douces », piétonnes et cyclables, seront aménagées, tandis que la place réservée aux voitures sera strictement encadrée.
Fiche technique
Maîtrise d'ouvrage : communauté d'agglomération de Rennes Métropole.
Maîtrise d'oeuvre : Bernardo Secchi et Paola Vigano, architectes-urbanistes ; Charles Dard, paysagiste ; GEC Ingénierie, BET.
Mandataire d'études et aménageur : SEM Territoires.
Programme : 4 000 logements environ sur une shon de 400 000 m2, dont 25 % de logements sociaux, et 100 000 m2 de bureaux.
Surface de terrain de la ZAC : 140 hectares.
Calendrier : création de la ZAC, décembre 2003 ; premiers aménagements prévus au second semestre 2005.
ILLUSTRATIONS :
Vue aérienne du site de la Courrouze (périmètre jaune) et situation dans l'agglomération rennaise.
Perspectives de principe sur la grande prairie et la coulée verte : «le paysage comme infrastructure».
Plan général du quartier et ses principes d'implantation.
