Pionnière française de la clause sociale d’insertion, Strasbourg (Bas-Rhin) veut aussi le devenir pour la clause environnementale. Telle est la vocation de Relais 2D.
Lancée officiellement mardi 8 octobre, cette structure coopérative se fixe pour mission l’assistance à maîtrise d’ouvrage (AMO) pour l’insertion de critères environnementaux et de développement durable dans les marchés et pour leur rédaction dans les cahiers des charges.
Elle ne part pas de rien. En effet, Relais 2D constitue l’émanation de l’association Relais Chantiers qui accompagne depuis près de trente ans les maîtres d’ouvrage dans le Bas-Rhin pour la prise en compte du volet social dans leurs chantiers, notamment par la mise en place des clauses d’insertion.
Ce qui est devenu une évidence aujourd’hui ne l’était pas au début des années 1990 : les élus strasbourgeois ont rappelé, mardi, non sans malice, combien il avait fallu ferrailler alors avec l’Etat, pas convaincu que l’idée passerait la rampe du contrôle de légalité…
Soutien de toute la filière du BTP
Relais Chantiers restera en charge de la mise en œuvre de la clause sociale. Elle transmet le flambeau à sa nouvelle « petite sœur » pour la phase d’AMO, sur ce sujet et donc celui des clauses environnementales, « ce qui rend Relais 2D unique en France », selon son président Patrick Roger.
Autre originalité, Relais 2D fonctionne sous statut d’une Société coopérative d’intérêt collectif (Scic). « A mi-chemin de l’association et de la société privée, la Scic permettra de facturer comme toute société, tout en ayant accès à des subventions précieuses dans sa phase d’émergence. Et elle amène les membres à particulièrement s’investir », souligne Gilles Grosclaude, directeur.
Cette logique fédératrice doit créer un effet de levier pour démultiplier les expériences : « Si tout le monde se met d’accord sur l’application des mêmes types de clauses, les idées vertueuses pour réduire les déchets de chantier et augmenter leur recyclage vont rapidement se diffuser d’un chantier à l’autre », espère Patrick Roger.
De ce point de vue, la coopérative démarre avec le soutien des piliers nécessaires : les bailleursvia l’Association régionale des organismes HLM d’Alsace, les promoteursvia la FPI Grand Est, la FFB et la FRTP Grand Est ainsi que les principales collectivités (Ville et Eurométropole de Strasbourg, conseil départemental du Bas-Rhin, région Grand Est) comptent parmi les membres fondateurs, répartis en sept collèges.
Une première opération a vocation d’exemple : la rénovation thermique de 743 logements de l’office HLM Ophéa (anciennement CUS Habitat) lancée depuis quelques mois dans le quartier de l’Esplanade à Strasbourg. Relais 2D a travaillé aux côtés de l’entreprise générale retenue, Bouygues Bâtiment Nord-Est, sur la réduction de l’empreinte environnementale, aboutissant par exemple à retenir pour le lot fenêtres un sous-traitant qui recycle 95 % des châssis et réutilisera la majorité de ceux-ci.

Certes, dans le cas présent, ni le maître d’ouvrage — plus gros bailleur d’Alsace —, ni le constructeur ne manquent de ressources internes pour travailler le sujet des clauses environnementales, reconnaît l’équipe de Relais 2D. Mais ce prototype « montre que c’est possible et que cela peut se décliner à l’échelle de PME et de maîtres d’ouvrage de plus petite taille », souligne Gilles Grosclaude.