Ils étaient coiffeur, serveur ou ouvrier dans l’industrie. Ils sont devenus maçon, grutier ou aide géomètre. De tels virages professionnels commencent à se généraliser dans les entreprises du secteur. « Les ressources qui manquent dans nos entreprises, nous pouvons aller les chercher en dehors du secteur. Ce qui prime, c’est le comportement. La formation professionnelle est là pour apporter une réponse à la professionnalisation de ces personnes », insiste Jean-Claude Brossier, président de l’entreprise tourangelle Jérôme. Et dans cette entreprise de travaux publics, les profils atypiques ne manquent pas. Un avis partagé par Pierre Liégeois, P-DG de l’entreprise de second œuvre Sogeb Mazet, basée à Montluçon. « J’intègre des profils atypiques car je suis à l’écoute des potentiels. » Les raisons qui conduisent à ces reconversions sont multiples : erreur d’orientation, horizon professionnel bouché, rythme stressant… « Nous avons intégré des salariés de notre bassin d’emploi qui travaillaient dans des secteurs sinistrés ou en perte de vitesse. Ils nous ont sollicités à l’occasion de plans de restructuration, de plans sociaux… ou tout simplement parce qu’ils n’avaient pas de possibilité d’évolution », illustre Sabine Cuvelier, responsable ressources humaines de l’entreprise Ramery.
L’encadrement de chantierpourrait être concerné. Le plus difficile reste de capter ces salariés. « Il faudrait que les entreprises en difficulté, lorsqu’elles mettent en place des plans de sauvegarde pour l’emploi, par exemple, pensent à nous contacter ou à aiguiller leurs salariés vers nous », ajoute Sabine Cuvelier.
Ces diversifications de recrutement, encore cantonnées au niveau ouvrier, pourraient s’étendre à l’encadrement de chantier. « La pénurie de candidature crée l’opportunité. Nous avons recruté un ancien chef de projet issu du secteur informatique qui est devenu conducteur de travaux. Les tests de similitude de compétences qu’il a passés ont révélé qu’il possédait des compétences en planification, organisation, gestion administrative...», indique Eric Logheder, DRH de l’entreprise GCC. Une voie d’intégration aujourd’hui à l’étude dans de nombreuses entreprises du secteur.