Interview

Raymond Fondeville : « Ce qui m’anime, c’est de faciliter toute solution de reprise pérenne »

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Le 2 octobre 2023, le tribunal de commerce de Toulouse a prononcé la liquidation judiciaire de la SAS François Fondeville, société historique du groupe familial Fondeville BTP installée dans les Pyrénées-Orientales, tout en l’autorisant à poursuivre son activité pendant trois mois. Son président, Raymond Fondeville, a accepté de livrer sa vérité et son ressenti au Moniteur, sur cette issue douloureuse.

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Raymond Fondeville, président de la SAS François Fondeville
Raymond Fondeville, président de la SAS François Fondeville

Placée en redressement judiciaire en octobre 2018, la SAS Fondeville en est sortie en juillet 2019. Elle semblait avoir redressé le cap. Comment en est-elle arrivée là ?

Nous avions réussi à régler l’échéance annuelle du plan de redressement, en juin 2020, mais la situation économique du secteur du bâtiment a continué à se dégrader avec la Covid et la guerre en Ukraine. Notre entreprise a fait face à des fournisseurs soucieux de limiter leurs crédits, au durcissement de la position des banques et à la difficulté à se faire payer certains marchés. En dépit d’aménagements du plan, la crise et les aléas de certaines opérations ont provoqué des tensions de trésorerie récurrentes. Nous avons à ce jour un passif cumulé d’environ 35 millions d’euros dont 70 % correspondent à des dettes institutionnelles - fiscales et sociales -, pour un chiffre d’affaires 2023 estimé à 53 millions d’euros. Il nous reste cependant à encaisser environ 15 millions de créances clients. Sans compter les litiges en cours qui, pour certains, portent sur des sommes conséquentes à recevoir. Dans l’impossibilité d’honorer l’échéance du plan, exigible au 1er juillet 2023, nous avons sollicité l’ouverture de cette procédure, avec la possibilité de poursuivre notre activité de façon temporaire.

Que va-t-il se passer maintenant ?

Si nous pensions qu’il n’y avait plus d’espoir, nous aurions opté pour une liquidation pure et simple. Le tribunal a estimé que nous accorder un délai de trois mois valait la peine, comme nous l’espérions. De fait, nous avons montré que nous n’augmenterions pas notre passif durant cette période et que nous aurions une trésorerie suffisante pour continuer et terminer les chantiers. Les administrateurs judiciaires doivent maintenant lancer les procédures d’appels d’offres. Nous sommes reconvoqués par le tribunal le 5 décembre, afin qu’il étudie et accepte l’éventuel dossier d’un repreneur. Ce qui m’anime, c’est de faciliter toute solution de reprise pérenne pour conserver l’entreprise familiale et sauvegarder les emplois : 230 collaborateurs sont concernés, et plus de 120 personnes, en moyenne, en intérim à temps plein à l’année.

Dans la perspective d’une reprise et face à une conjoncture difficile, de quels atouts l’entreprise Fondeville vous semble-t-elle disposer ?

Nous avons réussi à traiter de nouvelles opérations à des prix conformes au prix du marché actuel des matières premières. Si des maîtres d’ouvrage ont continué à nous faire confiance, c’est parce que Fondeville dispose d’un savoir-faire reconnu, qui s’appuie sur un fort ancrage territorial en Méditerranée, des années d’expérience, la qualité et la technicité de son personnel. Nous sommes capables de traiter des opérations complexes, de redéployer notre savoir-faire dans nos spécialités d’origine - les travaux publics et le génie civil -, moins impactés par la crise que le bâtiment, mais aussi de nous diversifier.

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