L'évolution réglementaire concernant le plomb dans l'eau nécessite-t-elle de prendre des mesures préventives lorsque l'on est gestionnaire d'un patrimoine ancien ? On peut être tenté d'attendre la date fatidique de 2013 (voir encadré), mais il apparaît de plus en plus clairement que la note risque d'être salée lorsqu'il faudra se mettre en conformité.
En effet, même si des progrès ont été accomplis, il faudra remplacer tout ou partie des canalisations intérieures en plomb, d'autant que ces installations sont usagées. Souvent, elles sont insuffisamment dimensionnées compte tenu des besoins croissants : présence de lave-linge, fréquence plus élevée des douches et des bains...
Dès lors, afin de satisfaire ces besoins, la pression a été augmentée, ce qui se traduit inévitablement par une usure accélérée du matériau, donc par l'apparition de fuites.
Eviter les tronçons en cuivre
Par ailleurs, l'intervention sur les canalisations est pour le moins délicate puisque les plombiers - il faudrait penser à revoir leur dénomination ! - ne peuvent plus utiliser le plomb : les brasures sont interdites depuis l'arrêté du 10 juin 1996. Or, mettre en place un tronçon en cuivre est catastrophique à cause de la formation d'un phénomène « de pile » (réaction électrochimique) : cela conduit à une accélération du relargage du plomb dans l'eau.
Une des solutions consiste à ne remplacer que les parties terminales en prenant le soin de vérifier, dans le cas des canalisations d'eau chaude sanitaire, qu'il n'y a pas de circuit de bouclage.
D'autres solutions existent, mais elles ne sont pas toujours satisfaisantes. Il s'agit, par exemple, d'utiliser des matériaux synthétiques (le problème du raccordement reste entier) ou d'effectuer des chemisages (seules les colonnes montantes d'un diamètre suffisant sont concernées).
La seule véritable réponse consistera donc à procéder à un remplacement complet de l'installation qui permettra, par la même occasion, de la remettre à niveau.
Un autre point d'achoppement concerne la mesure de la teneur en plomb dans l'eau. A l'heure actuelle, la Direction générale de la santé (DGS) n'a pas encore établi de méthodologie. En effet, le mode d'échantillonnage est déterminant pour les résultats.
Face à cette situation complexe, le mieux est encore de faire procéder à un diagnostic. Mais à qui s'adresser ? A la Fédération française du bâtiment, on estime que personne n'est mieux placé que le plombier qui connaît bien les installations dont il suit l'entretien. Une autre solution consiste à s'adresser à un intervenant extérieur pour réaliser une sorte de photographie instantanée.
De toute façon, en attendant la mise en place future d'un contrôle général et obligatoire des bâtiments, analogue au contrôle technique pour les automobiles, il est préférable de connaître l'état de son patrimoine : ne serait-ce que pour anticiper les dépenses.
On estime que le remplacement des canalisations en plomb devrait se traduire par des dépenses comprises entre 10,7 et 11,4 milliards d'euros (entre 70 et 75 milliards de francs) sur l'ensemble du territoire français.
PHOTO : Dans les immeubles anciens, les canalisations en plomb sont souvent à bout de souffle, ce qui se traduit par des fuites intempestives.