Quand les entreprises font leur siège (3/6) : un monolithe de béton fait maison

Le bâtiment d'une architecture résolument contemporaine qui abrite depuis fin 2017 le siège de Ragoucy à La Saulce (Hautes-Alpes) a failli ne pas exister. Au départ, Nicolas Chabrand, président de l'entreprise de gros œuvre depuis 2004, voulait rester à Gap, lieu d'implantation historique. Il avait même repéré le foncier. La crise de 2008 a stoppé la démarche, même si les 49 salariés de la PME fondée en 1932 étaient à l'étroit. : « Nous avions poussé les murs trois fois. Nous ne pouvions pas aller plus loin », raconte le chef d'entreprise.

Le projet de déménagement renaît lorsque le maire de La Saulce lui propose de s'installer sur la zone d'activités de Gandière dont l'aménagement démarrait. « Le prix du foncier de 40 €/m2 était élevé, mais nous commencions à nous développer en dehors des Hautes-Alpes. La situation du terrain à la sortie de l'autoroute A51 allait nous donner une position stratégique. J'ai saisi l'occasion », explique-t-il. Il achète le foncier sur fonds propres et contracte à titre personnel un prêt de quinze ans pour financer la construction. L'entreprise réalise elle-même la partie maçonnerie, des sous-traitants étant chargés des corps d'état secondaires.

Souhaits du personnel. Monolithe en béton matricé noir habillé de poteaux blancs préfabriqués, le bâtiment est celui de Nicolas Chabrand, mais aussi celui de ses salariés. En effet, le cahier des charges établi avec Frédéric Reynaud, son chargé d'études, est la synthèse des besoins exprimés par chacun. Le parking et les ateliers pour stocker le matériel au rez-de-chaussée, la kitchenette, les bureaux fermés, les salles pour se former ou se réunir à l'étage sont tous l'expression de leurs souhaits.

Après six mois de programmation, Nicolas Chabrand choisit début 2016 Ludovic Coulet, architecte gapençais. « Il devait répondre au programme et faire de notre siège une vitrine. Il a eu carte blanche. Le prix n'était pas le premier critère. Ce sera sans doute mon dernier investissement personnel, je voulais qu'il soit marquant », déclare-t-il. Il n'a pas été déçu. La première esquisse correspondait à ce qu'il avait imaginé. Du côté des salariés, une satisfaction générale ressort. « Nous sommes gâtés. Le bâtiment est à la fois beau - bien pensé avec des bureaux organisés autour du patio central - et technique », témoigne Gilbert Audeoud, directeur de travaux. « Le béton noir, les poteaux blancs en façade et la pergola en béton coulé en place permettent aux clients de voir ce que nous savons faire », renchérit Frédéric Reynaud.

Le confort est un autre critère dont les salariés prennent la mesure. « Nous étions réticents sur le choix de la moquette. Nous découvrons que cela amortit le bruit créant une atmosphère de travail apaisante. Pareil avec les parois vitrées de toute hauteur qui séparent les bureaux. Nous sommes isolés et en même temps avec les autres qu'on devine à travers les vitres », poursuit Aurore Boyer, responsable du pôle développement.

Si le bâtiment n'affiche pas de certifications, la toiture végétalisée ou le système chaud-froid performant expriment la volonté de privilégier l'efficacité et le bien-être.