"Qualibat va se rapprocher des entreprises", Gérard Senior, président de Qualibat

Gérard Senior, élu président de Qualibat le 15 juin dernier, dévoile sa feuille de route au Moniteur.

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Gérard Senior, président de Qualibat.

Vous venez d’être élu à la tête de Qualibat. Quelle est votre feuille de route ?

Je souhaite que les entreprises s’approprient cet outil qu’est Qualibat. Avec le développement du RGE, qui est basé sur un référentiel assez strict et de nombreux contrôles, nous avons une délégation de service public. Nous allons donc travailler à nous rapprocher des entreprises. D’abord, grâce au grand chantier de simplification que nous avons déjà entamé. Nous sommes par exemple engagés depuis 2014 dans le programme Marché Public Simplifié (MPS) qui vise à déployer des procédures simplifiées pour récupérer les documents administratifs des entreprises.

Cet objectif de simplification ne doit-il pas aussi s’appliquer au processus de qualification ?

Bien sûr ! D’ailleurs, une entreprise qualifiée peut déjà remplir son questionnaire annuel en ligne. Nous devons aller encore plus loin et travailler avec les partenaires économiques (comme les assureurs) au développement d’un « coffre-fort numérique » qui stockerait les données émanant de utiles au traitement des dossiers et dispenserait d’avoir à les fournir plusieurs fois. Dans un deuxième temps, ce coffre-fort pourrait être attaché à un chantier. Nous pourrions également travailler avec les éditeurs de logiciel, pour que la nomenclature des qualifications soient intégrées aux CCTP et mises à jour automatiquement.

Ne devez-vous pas vous adresser à d’autres parties prenantes que les entreprises ?

Nous comptons nous rapprocher des maîtres d’ouvrage et des maîtres d’œuvre, pour qu’ils fassent la promotion de la qualification sur leur chantier, qu’ils l’utilisent comme une marque de qualité et un outil des indicateurs pour le choix des entreprises. Enfin, nous devons nous adresser plus directement aux particuliers, qui sont apparus dans notre paysage avec le développement du RGE. Nous pourrions par exemple, inciter les clients de nos clients (les  particuliers, donc), à réaliser des retours d’expérience sur les prestations réalisées par les entreprises qualifiées. Toutes ces données, issues de nos audits, et des remontées de clients, nous permettraient de mettre en place un observatoire des savoirs - qui compléterait utilement les observatoires déjà existants dans notre secteur.

Avez-vous remarqué des évolutions dans les demandes de qualifications suite à la réforme du RGE actée au 1er janvier 2021 ?

Nous avons qualifié 58 000 entreprises, pour un total de 108 000 qualifications. Du côté du RGE, nous avons qualifié 48 000 professionnels dans 124 000 catégories de travaux, dont le nombre est passé de 14 à 19 catégories. Si le nombre d’entreprises RGE est stable, nous notons une augmentation des demandes de qualification ITE, dans le domaine de la ventilation, dans celui de l’audit énergétique et en matière de menuiseries extérieures.

Comment jugez-vous le démarrage de la qualification chantier par chantier ?

Cette expérimentation est une bonne idée, dans la mesure où elle place les entreprises dans un processus de qualification. Sur 180 demandes enregistrées depuis son déploiement – réalisé en mars – une trentaine d’attestations ont été octroyées. L’audit du premier chantier, qui concernait une ITE, était satisfaisant. Il n’y a pas eu d’écart. Et 50% des 180 dossiers concernent des entreprises qualifiées dans une autre catégorie que celle demandée ou qui l’ont été par le passé.

Devez-vous faire évoluer vos qualifications pour accompagner les nouveaux métiers du Bâtiment ?

Nous allons nous préparer sur une qualification dédiée à « l’accompagnateur rénov’ » puisque cette fonction va rapidement apparaître dans le paysage du Bâtiment. Nous réfléchissons au développement d’options au socle de qualification, dédiées aux objets connectés, au BIM, aux préoccupations environnementales ou encore, à la santé.

Qu’en est-il de la lutte contre les éco-délinquants ?

Nous avons retiré la qualification à une trentaine d’entreprises en 2020. A chaque fois, nous partons au contentieux devant le tribunal administratif. Une fois sur deux, le juge nous demande de suspendre notre décision car sans qualification, l’entreprise ne peut plus travailler. Nous diligentons alors de nouveaux audits pour étayer notre dossier. Il s’agit d’entreprises de bâtiment qui ont obtenu la qualification RGE, mais qui ont réorienté leur activité à la faveur des coups de pouce des CEE, et se sont développées comme des entreprises commerciales. Ou bien de sociétés qui se disent RGE, sans être qualifiées. Nous dénombrons des réseaux en Ile-de-France, en Bourgogne Franche-Comté, en Dordogne… car il s’agit de territoires fortement composés de maisons individuelles habitées par des ménages qui permettent d’obtenir les CEE Grande précarité.

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