Prévention des risques sanitaires Hôpitaux : les nouvelles exigences techniques

La France modernise actuellement son parc hospitalier. Dans ce contexte,la prévention des risques sanitaires liés à la conception et à l’entretiendes réseaux d’eauet d’air intérieurdes bâtiments hospitaliers figure parmi les exigences prioritaires.

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Soutenue en grande partie par le plan hôpital 2007, la modernisation du parc s’intensifie. « Bientôt la France sera dotée du parc hospitalo-universitaire le plus moderne d’Europe. » C’est en tout cas ce qu’annonce la commission architecture et ingénierie de la Conférence des directeurs généraux de CHU. La plupart des grands établissements publics ont en effet engagé des opérations de construction ou de restructuration immobilières. Selon Vincent Le Taillandier de Gabory, directeur la Mission nationale d’appui à l’investissement hospitalier (Mainh), 180 projets supérieurs à 20 millions d’euros sont actuellement en préparation dans le cadre du Plan hôpital 2007. Dans toute les opérations en cours d’études ou de réalisation, la prévention des risques sanitaires revêt une importance primordiale. L’augmentation de la sécurité des équipements et celle de la qualité sanitaire des espaces sont aujourd’hui considérées comme des indicateurs de performances permettant de mesurer le retour sur investissement des grands projets.

Risques bactériologiques. Parmi les exigences communes à toutes ces opérations, la maîtrise des risques liés à l’eau et à l’air intérieur suscite une extrême vigilance. Les réseaux d’eau sanitaire sont souvent montrés du doigt dès que l’on évoque les risques bactériologiques. Ils sont en effet susceptibles de véhiculer de nombreux micro-organismes pathogènes comme les légionelles ou les pseudomonas. Or, les experts s’intéressent de plus en plus à l’influence des matériaux sur leur prolifération. Dernièrement, une étude scientifique française menée par le Centre de recherche, d’expertise et de contrôle des eaux de Paris (voir « Le Moniteur » n° 5318 du 28 octobre 2005) a permis de les comparer. Elle fait notamment ressortir que « le cuivre et le C-PVC favorisent peu la croissance microbienne alors que le polypropylène induit la plus grande production de biomasse actives ».

Dans le même temps, l’élévation de la température se révèle être un facteur stimulant pour la plupart des produits testés. Si la nature des matériaux a une influence reconnue sur le développement microbien, il reste que la conception et le dimensionnement du réseau sont mis en cause lorsque l’installation comporte des bouclages où le débit est insuffisant, favorisant par là le développement des bactéries dangereuses. Sur cette question, Jacques Nayitychia, gestionnaire des risques liés à l’eau sanitaire à l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), stigmatise les acteurs de la construction. Selon lui, « maîtres d’œuvre, bureaux d’études d’exécution, bureaux de contrôle… ne maîtrisent pas les règles de l’art ». « L’entreprise doit prouver au maître d’ouvrage que les bouclages ont fait l’objet d’une note de calcul préalable au dimensionnement correct des installations et des organes de réglage », explique-t-il. La désinfection continue par injection de produits chimiques n’est alors, selon lui, plus justifiée. Les traitements chimiques – coûteux – contribueraient à corroder les réseaux et favoriseraient l’apparition d’espèces résistantes. JacquesNayitychia ajoute que « cette solution doit être réservée à des actions curatives dans l’attente d’une intervention plus durable sur l’hydraulique du réseau ».

Pour éviter ces difficultés de dimensionnement, les concepteurs privilégient aujourd’hui des réseaux séparés, de petite taille, avec des unités de stockage ne dépassant pas 1 000 litres ; cette capacité servant uniquement à écrêter les pointes de puisage. Une telle conception permet en effet de s’affranchir des problèmes d’équilibrage complexes et facilite l’entretien du réseau.

Evidemment, la production d’eau chaude instantanée est envisageable mais elle implique de grosses puissances énergétiques. Une alternative aux solutions précédentes est actuellement testée par le bureau d’études AIA, à la clinique de Tours Nord. Selon le principe de l’hydroaccumulation, elle consiste à faire fonctionner l’installation en mode instantané sans avoir à surdimensionner la production de chaleur. L’eau chaude destinée à la consommation n’est pas stockée mais chauffée à la demande par l’intermédiaire d’un ballon positionné sur le réseau primaire. Les échangeurs sont, de ce fait, un peu plus puissants mais il n’y a plus besoin de ballons de stockage direct de l’eau, équipements coûteux et nécessitant un entretien régulier.

Surventilation nocturne. Toujours dans le domaine des fluides, la qualité de l’air intérieur et la prise en compte du confort d’été mobilisent aujourd’hui beaucoup d’attention. La canicule d’août 2003 a quelque peu modifié l’approche du confort thermique d’été. Les maîtres d’ouvrage inspirés par la démarche Haute qualité environnementale (HQE) montrent de plus en plus d’intérêt pour les systèmes de protections solaires (brise-soleil, stores, vitrages performants…). Le bureau d’études Oger International oriente quant à lui ses recherches vers des techniques de surventilation nocturne. Adaptée au traitement des ambiances intérieures des locaux à occupation diurne, comme les salles de consultations et les locaux administratifs, cette solution est développée dans le sens des économies d’énergie et de la réglementation thermique 2005 (en attente de publication). Malgré tout, le recours à la climatisation est encore souvent envisagé. Dans ce domaine, beaucoup de prescripteurs entrevoient les plafonds froids comme une solution prometteuse pour le secteur hospitalier. L’entretien et la maintenance des équipements étant devenus des facteurs de choix déterminants.

Afin d’aider le maître d’ouvrage à appréhender la gestion du risque, les bureaux d’études s’appuient par ailleurs de plus en plus sur des analyses multicritères des matériaux et des systèmes. OTH a, de cette façon, élaboré un guide de choix des faux plafonds en milieu hospitalier. « Nous avons conçu ce guide comme un outil d’aide à la décision. Il permet de comparer les produits disponibles sur le marché selon des critères d’hygiène, de santé, de durabilité, de confort et, bien évidemment, de coût », explique Olivier Devauchelle, auteur de cette étude. Sur le plan des risques sanitaires, il apparaît qu’aucun produit n’offre toutes les garanties sur la capacité à engendrer des organismes nuisibles, les émissions de fibres ou encore le risque lié aux émissions de composés organiques volatils (COV). OTH estime donc qu’il est important de demander ce type d’informations aux fabricants afin de les inciter à réaliser des tests (fongiques, bactériens, classements particulaires…). Toutes ces évolutions dans la conception et la réalisation des hôpitaux traduisent l’émergence d’une approche en coût global.

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