A l’image de Société Générale qui a bradé en mai sa filiale Rosbank à un oligarque, des entreprises françaises se sont déjà retirées de Russie. Après trois mois de guerre en Ukraine, ce ne sera pas le cas de la foncière Ceetrus (ex-Immochan).
« L’actionnaire a pris la décision de rester présent au nom de la proximité avec les habitants russes, vivant dans un système politique qui n’est pas celui d’Europe occidentale. Ces clients viennent pour subvenir à leurs besoins », développe Etienne Dupuy, directeur général de Nhood, exploitant des centres commerciaux détenus par Ceetrus, deux filiales de New Immo Holding (famille Mulliez). Autrement dit, pas question de vendre les 19 galeries marchandes à Moscou et dans d’autres villes russes ni de se séparer de ses 149 salariés.
En Ukraine, 14 salariés à protéger
En Ukraine, dont près de 20% du territoire est occupé par l’armée russe, la politique de Ceetrus repose sur deux priorités : « sécurité des personnes » et « aider les populations à se nourrir », résume Etienne Dupuy. La foncière est locataire de quatre galeries en zone non-occupée, détient un retail park à Kiev et compte 14 salariés.
En France, Ceetrus est confrontée à deux problèmes. Concernant le projet de mégacomplexe de commerces et de loisirs Europacity abandonné par l’Etat en 2019, la procédure d’indemnisation est en cours. La foncière ne dévoile pas le montant espéré. Celui-ci doit notamment couvrir les études financées ainsi que les salaires des 40 personnes en CDI… pour un total de « plusieurs dizaines de millions d’euros », selon une source confidentielle chez Ceetrus.
Gare du Nord : pas de transaction amiable envisagée
Autre camouflet : le projet de rénovation de la Gare du Nord abandonné par SNCF Gares et Connexions en 2021. Le contentieux concernant la rupture du contrat de concession sur 46 ans, incluant le financement, la conception, la réalisation ou encore l’exploitation de la gare, avance à petits pas. « On fera valoir nos droits dans le temps. Le préjudice d’image est inestimable », assure-t-on chez Ceetrus, qui a dépensé « plusieurs centaines de millions d’euros » pour ce projet.
Une certitude : une transaction amiable n’est pas envisagée. Cette pratique est peu répandue en commande publique à laquelle est soumise SNCF Gares et Connexions, qui n’a pas répondu aux questions du Moniteur.
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Rebond rime avec désartificialisation
Après les échecs Europacity et Gare du Nord, Ceetrus ne mise pas sur un projet phare en particulier pour s’imposer comme un acteur de premier plan du Grand Paris. « Notre dernier projet phare, c’est la transformation de la gare de Vigo en Espagne, reprend cette même source. Mais en France, est-on encore prêt à mener de grands projets ? Notre priorité, c’est d’être utile aux territoires, de faire de grandes choses sur des sites existants, en désartificialisant et en mixant les usages. »
C’est le cas à Villeneuve d’Ascq (Nord), sur un ancien site industriel des 3 Suisses en cours de transformation. Les premiers logements ont été livrés en 2021. Au programme également : commerces, bureaux, hôtel, école…