Alors qu’à l’extérieur le thermomètre tutoie les 30 degrés, dans les classes, il fait bon vivre. « Deux ans auparavant, nous n’étions pas loin de la surchauffe », concède Aymeric Robin, maire de Raismes. Celui qui est aussi président de la communauté d’agglomération de la Porte du Hainaut peut aujourd’hui savourer cette journée de rentrée scolaire à l’école Anne-Godeau.
Les 220 élèves ont quitté les préfabriqués qui les abritaient depuis septembre 2022, en prévision de la rénovation de leur école avec la méthode EnergieSprong. Le procédé venu des Pays-Bas s’appuie sur une méthode d’industrialisation de la rénovation avec une production d’énergie égale à la consommation et une performance garantie sur plusieurs décennies. Jusqu’à présent déployés rapidement sur des logements en site occupé, les travaux portent essentiellement sur une isolation thermique par l’extérieur.
« Nous avons saisi l’opportunité de l’appel à projets porté par Greenflex avec le soutien de l’Europe (Programme Interreg MustBe0) et avons bénéficié d’une assistance à maîtrise d’ouvrage », raconte Jean-Paul Mottier, adjoint municipal. Un groupement d’entreprises locales mené par HDF Construction avec les Les Murs ont des Plumes Architectes, Nortec Ingénierie et Concept Développement, décroche in fine ce marché en conception-réalisation-maintenance avec une garantie de performance sur 20 ans. Les ambitions sont fortes : atteindre un bâtiment à énergie zéro (E=0) dans un délai de chantier ultra court.
Une méthode et des couacs
Pour transfigurer ce bâtiment des années soixante, qu’il a d’abord fallu curer entièrement, la structure a dû être renforcée pour soutenir la nouvelle enveloppe à ossature bois et les panneaux photovoltaïques en toiture. Des travaux d’un surcoût imprévu de 1 million d’euros.
La centrale solaire permettra de produire le double de la consommation de l’école estimée. De quoi alimenter en énergie les équipements publics attenants. Construits en atelier par l’entreprise JBCC, les pans de façades de 10 mètres sur 3, isolés en laine de bois et de roche mais aussi équipés des menuiseries, ont pris place en six mois sur le bâtiment. « Boucler un chantier dans ce laps de temps, c’est tout l’avantage de ce type de rénovation », loue Xavier Lorimier, DG de HDF Construction à Denain qui expérimentait la méthode pour la première fois. Les écoliers, toujours présents pour partie dans le bâtiment en travaux, ont finalement basculé intégralement dans une école modulaire installée dans la cour pour faciliter le bon déroulement du chantier.

Cour végétalisée
Outre un réaménagement de quelques espaces et la création de nouveaux sanitaires pour remplacer ceux des années soixante restés dans leur jus, les bambins de l’école Anne-Godeau profitent aussi d’une nouvelle cour de récréation végétalisée. Au terme d’une concertation menée auprès des enfants, des parents et de la communauté éducative, les 2 200 m2 de cour affichent désormais 40 % de vert et la récupération des eaux pluviales grâce au concours de Karine Haudrechy, paysagiste-conceptrice. Une cour par ailleurs « non genrée pour que chacun s’approprie cet espace », se réjouit Aymeric Robin qui envisage d’ores et déjà de dupliquer l’expérimentation EnergieSprong. Malgré le dépassement substantiel du budget, passé de 4 à 7 millions d’euros TTC en raison des aléas de chantier et de la conjoncture, la démarche reste toujours vertueuse et moins onéreuse qu’une opération neuve.