Près de Reims, des logements collectifs en R+2 imprimés en 3D

Le bailleur social Plurial Novilia va imprimer en 3D douze logements collectifs en R+2 à Bezannes dans la Marne. Une première en France qui devrait voir le jour fin 2024.

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Baptisé ViliaSprint 2 par le bailleur social Plurial Novilia, douze logements collectifs en R+2 seront imprimés en 3D

Face à la hausse des matières premières et du coût de l’énergie, les professionnels sont de plus en plus en quête de nouvelles manières de construire.

Fort de son expérience menée lors du projet Viliaprint, un programme de cinq maisons individuelles partiellement imprimées en 3D et livrées en juin dernier à Reims, le bailleur social Plurial Novilia veut aller encore plus loin.

Il a lancé officiellement ce mardi 20 septembre son nouveau projet, baptisé ViliaSprint2 : un immeuble sur deux niveaux, de douze logements collectifs soit 1700 m² de surface habitable, dont les façades en béton seront imprimées en 3D sur site.

Le chantier devrait démarrer fin 2023 pour une livraison un an plus tard sur la ZAC de Bezannes, qui se situe également dans le département de la Marne.

Impression sur site

Contrairement à son prédécesseur qui s’appuyait sur une impression hors-site et des éléments préfabriqués, c’est « directement sur le chantier que les façades seront imprimées », explique Johnny Huat, directeur général de Plurial Novilia.

Ceci notamment grâce à l’apport technique du groupe allemand Peri, le même qui a imprimé en six semaines à Wallenhosen un bâtiment résidentiel de trois étages. « Nous installerons un portique mobile pour encadrer le bâtiment à construire. Il sera équipé d’une tête d’impression multidirectionnelle Bod2 qui extrudera les couches de béton les unes sur les autres pour former les murs », prévoit Fabian Meyer-Broetz, directeur construction chez Peri.

« L’automatisation de la phase de gros œuvre nous permettra de gagner en productivité, en sécurité et en matière d’ergonomie sur le chantier », estime Florent Haas, directeur d’agence Demathieu Bard Construction Est, en charge des travaux.

Un béton à faible teneur en carbone

Le cimentier Holcim fournira l’équivalent de l'encre de l'imprimante 3D. « En principe, pour l’impression 3D, nous utilisons un mortier, résultat d'un mélange à base de liant et de poudre fine. Là, nous allons essayer d’utiliser un béton, formulé avec des matériaux locaux », explique Noël le Floch, directeur général France produits et solutions. L’industriel assure avoir à ce jour « un certain nombre de certitudes », sans pour autant s’engager sur la teneur de son béton.

Economie de matière

« L’impression 3D nous permet d’économiser de la matière pour offrir la plus grande surface possible », ajoute Frédérik Dain, directeur du cabinet d’architecture Hobo, en charge du projet. « Sur Viliaprint, nous avons utilisé 50 % de béton en moins que sur une construction traditionnelle », assure de son côté Johnny Huat, maître d’ouvrage.

Impression sous Atex

Le bureau de contrôle Socotec accompagnera les équipes dans la certification du procédé, puisque l’impression en étage pose de nouvelles questions en matière de coordination des tâches (jonctions façades/planchers), ou sur les réglementations thermiques et incendies. Une Appréciation technique d'expérimentation (Atex) du CSTB garantira l’assurabilité du chantier et la mise en location des logements. Des études en cours pourraient mener à la réalisation de murs porteurs en impression 3D.

Performance énergétique

A ce projet innovant, le bailleur associe une dimension environnementale forte, avec une conception bioclimatique, le recours à des matériaux biosourcés, et de l’autoconsommation énergétique. « Nous visons à minima le palier 2025 de la RE2020 », s’engage Johnny Huat.

Retour d’expérience

Pour mesurer tous les apports de cette technique (en termes de délais, nuisances, pénibilité, qualification, économie de la ressource, gain énergétique, coût…), un second immeuble sera construit sur la même parcelle, mais de manière traditionnelle, et permettra de comparer les avantages des deux procédés constructifs.

Des résultats qui devraient profiter à l’ensemble des bailleurs sociaux réunis au sein du groupe Action Logement et même au-delà, envisage Fabien Petit, président de Plurial Novilia, pour tenter de répondre à la fois aux besoins en logements et à l’urgence climatique.

Fiche technique du projet
Maîtrise d’ouvrage : Plurial Novilia, groupe Action Logement
Maîtrise d’œuvre : Hobo architecture
Expert en autonomie énergétique : Timo Leukefeld
Entreprise générale : Demathieu Bard Construction Est
Impression 3D sur site : Groupe Peri
Béton imprimable : Holcim
Bureau de contrôle : Socotec

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