Où en est la filière REP PMCB ? Difficile à dire tant le dispositif est mouvant, faute de consensus initial entre les acteurs le finançant. Dernier épisode en date : le 27 août, le ministère de la Transition écologique a mis en consultation un projet d’arrêté encadrant le moratoire sur l’application de certaines dispositions de la filière. Avec le probable et imminent changement de gouvernement, le réajustement de la REP pourrait être remis aux calendes grecques, comme bien d’autres textes en cours d’examen.
Bref, le brouillard est loin d’être dissipé concernant une démarche originellement vertueuse de mutualisation des coûts de collecte et de traitement des déchets issus des chantiers. Valobat est l’un de ces éco-organismes, et son directeur des affaires publiques, des relations aux collectivités et de maîtrise d’ouvrages chantiers, Jérôme d’Assigny, a profité du Salon de l’immobilier bas carbone, organisé à Paris du 3 au 5 septembre, pour rappeler ses prérogatives : « les missions de Valobat sont le recyclage mais aussi, et prioritairement, le réemploi, qui impose de changer de comportements et d’habitudes ».
Référentiel et process métiers
Selon l’Ademe, 75% des déchets de second œuvre sont encore enfouis ou incinérés, avec une part de réemploi encore marginale, voire anecdotique : inférieure à 2%. Un chiffre en décalage avec les objectifs élevés induits par la transition écologique. Et qui a conduit à ce partenariat multipartite regroupant Valobat, donc, mais aussi La Poste Immobilier, opérateur du groupe éponyme, Icade, à la fois foncière et promoteur, et Sequndo, réseau national d’entreprises sociales de réemploi. L’objectif : « développer une méthodologie partagée de déconstruction et fixer des standards opérationnels communs, adoptés par l’ensemble des acteurs de la filière ».
Cette méthodologie prend la forme d’un référentiel curage et réemploi, qui se veut un « guide pratique, méthodologique, à destination des maîtres d’ouvrage », et disponible en libre accès. La seconde phase du partenariat envisagée permettra, quant à elle, de définir, d’ici mi-2026, des process métiers et des pratiques standards pour sept types de matériaux : sols PVC, moquette, faux-plafonds, cloisons modulaires, luminaires, planchers techniques et chemins de câble.
Multiplier les boucles du réemploi
« C’est l’aboutissement de presque deux ans de travail avec La Poste Immobilier, et de plusieurs mois avec Icade et Valobat », s’est réjouie Eléonore Clerc, directrice de Sequndo, à l’occasion de la signature du partenariat au Sibca. « Pour nous qui sommes un réseau national d’entreprises d’insertion, inclusives, locales et opérationnelles, c’est l’occasion de sensibiliser et de former pour garantir une montée en compétences techniques auprès des maîtres d’ouvrage », a-t-elle ajouté.
Même enthousiasme pour Camille Géhin, directrice générale de La Poste Immobilier : « en plaçant la décarbonation et le réemploi au cœur de nos métiers, nous faisons du bâtiment un levier concret de la transition environnementale ». La Poste Immobilier s’est d’ailleurs fixée un ambitieux objectif de réemploi, a minima, de 80% des matériaux issus de ses chantiers et éligibles dans le cadre du diagnostic PEMD (produits, équipements, matériaux et déchets), issu d’un décret gouvernemental publié en juin 2021.
« Il existe pas mal de boucles du réemploi sur le territoire, mais pas de manière aussi organisée que celle-ci. Nous avons pour objectif de reproduire et de dupliquer ce modèle », a conclu Jérôme d’Assigny.