Quel cadre de référence, au-delà de l’énergie et du carbone, va inspirer la réglementation qui succèdera à la RE 2020 ? C’est pour répondre à cette question que le projet CAP 2030 a vu le jour.
Encadrés par le Groupement d'intérêt écologique (GIE) comprenant Alliance HQE-GBC, Collectif Démarches Quartiers Bâtiments Durables et Effinergie, neuf groupes thématiques ont démarré leurs travaux en septembre. « Plus d’un millier de personnes ont déclaré vouloir y participer. Ce parcours très interactif reste ouvert à tous et sera mené dans un temps assez court avec des résultats concrets attendus en 2024. L’objectif est de construire un socle commun, qui permettra d’inventer ou d’enrichir un label, de contractualiser des voies de progrès avec des maîtres d’ouvrage », a annoncé Philippe Pelletier, président du plan Bâtiment durable, en préambule à l’atelier consacré à CAP 2030, au 10e Congrès national Bâtiment durable organisé les 5 et 6 décembre à Montpellier (Hérault).
L’occasion de présenter les pistes explorées par trois des groupes de travail (GT).
Démontabilité et réversibilité
En matière d’économie circulaire, le constat établi par Gwen le Seac’h, chargée de mission Bâtiment-Environnement, Alliance HQE-GBC France, est sans appel : le réemploi est clef. « La RE 2020, la mise en place de la responsabilité élargie des producteurs de produits et matériaux du bâtiment ainsi que les diagnostics PEMD incitent au réemploi. Pourtant, seuls 1 % des produits et équipements sont aujourd’hui réemployés, en raison de freins techniques, logistiques, assurantiels, économiques. »
Ainsi, le GT auquel elle participe vise à trouver un consensus à partir d’indicateurs et de travaux existants pour améliorer la prescription de la circularité, dès le début du produit ou du bâtiment. Enjeux : évaluer la performance des produits en vue de leur réemploi, situer celle des ouvrages en termes d’éco circularité, et allonger le cycle de vie matière en encourageant la démontabilité et la réversibilité. « Sur ce dernier point, nous allons notamment chercher à formuler des indicateurs pour pousser plus loin le décret qui doit sortir prochainement sur les études réglementaires potentielles d’évolutivité des constructions neuves », a précisé l’experte.
Groupe transversal
« En 2010, on nous annonçait que tous les bâtiments seraient à énergie positive d’ici à 10 ans », a rappelé de son côté Angélique Sage, responsable technique Effinergie. Pourtant, la RE 2020 n’a pas officialisé le Bepos. D’où cette ambition : « Arriver à des définitions communes et identifiables par tous et préparer ce que doivent être les prérequis pour qu’un bâtiment soit considéré à énergie positive, avec pour première marche, sa sobriété et son efficacité. »
Enfin, le GT low-tech, dernier groupe à avoir été mis en place et le seul qui soit transversal, entend infuser dans les huit autres. « Nous allons nous "attaquer" aux GT carbone, économie circulaire, et adaptation au changement climatique avec l’objectif de produire des indicateurs dès la fin juin 2024 » a détaillé Léon Coucke, responsable du pôle accompagnement d’Ekopolis, centre de ressources du plan Bâtiment durable.
Sur la question du carbone, quelques pistes de réflexion émergent. « Nous étudions le moyen d’intervenir en phase programmation-conception sans passer par de grosses modélisations mais en utilisant par exemple un outil matériau qui permet d’obtenir des ratios carbone lot par lot dès le début, sans avoir à les métrer. »
Pour les techniques nécessitant des Apex, le groupe va aussi s’interroger sur « le moyen d’obtenir des FDS expérimentales avant même d’avoir un procédé industriel pour caractériser le poids carbone de ces matériaux. »