« Tout projet de grande ampleur nécessite des financements sécurisés pour être mené à bien », estime Xavier Huillard.
Le patron du groupe Vinci en veut pour preuve la réussite constituée par le Grand Paris Express, piloté par la Société des Grands Projets (anciennement Société du Grand Paris). « Ce n’est malheureusement pas le cas des programmes EPR2, où la question des moyens reste floue, alors même qu’il y a urgence à nous doter de ces équipements pour conduire notre transition énergétique », poursuit-il.
Nous pouvons nous donner les moyens de nos ambitions : telle pourrait être résumée la conviction du dirigeant qui en appelle à utiliser le modèle du partenariat public-privé (PPP), qui pourrait par exemple adjoindre les ressources de plusieurs entreprises, pour développer la nouvelle génération de centrales nucléaires françaises.
Un levier pour accélérer les grands projets
« Aujourd’hui, le programme patine car EDF est en attente de moyens pour financer la construction de ses six EPR2. Or, les obtenir suppose soit que l’État consente un prêt, soit qu’il augmente son capital, soit que l’on accepte de passer par un modèle mêlant argent public et argent privé », insiste-t-il, persuadé que l’État ne dispose pas actuellement des ressources nécessaires.
Aujourd’hui, le programme patine car EDF est en attente de moyens pour financer la construction de ses six EPR2.
— Xavier Huillard, PDG de Vinci
« Nos grands réseaux ferrés, électriques et d’eau ont été construits grâce à ce modèle », rappelle d’ailleurs le directeur général opérationnel de Vinci, Pierre Anjolras, avant d’être rejoint dans son analyse par Xavier Huillard. « Pour le projet de ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse, il a été décidé de recourir à un double financement public, à la fois national et local, et je pense sincèrement qu’avec un tel modèle, le projet ne sera pas facile à conduire. »
Un modèle aujourd'hui très employé à l’international
Néanmoins, conscients que les PPP ne bénéficient pas d’une image positive en France, les deux dirigeants appellent à sortir d’une « lecture dogmatique qui voudrait que tout soit public » et à s’inspirer d’une série d’exemples internationaux.
« C’est sur ce type de modèle que le Brésil s’appuie pour développer ses autoroutes, ses lignes à haute tension et autres aéroports. Mais des économies plus matures comme l’Australie y recourent également pour développer leurs grands projets énergétiques », souligne M. Huillard.
Or, c’est bien sur ce segment des infrastructures de production et de distribution d’énergies décarbonées que l’usage des PPP est incontournable, selon Vinci. « La mère des batailles, c’est l’énergie. Si l’économie américaine fonctionne et a les moyens de se développer, c’est d’abord parce qu’elle possède une énergie abondante et à prix abordable. » Un objectif que devrait s’assigner la France, à la condition d’employer des énergies prioritairement décarbonées à la différence des USA.