« Merci à tous d’être là ce matin. Savez-vous ce qui vous attend ? » Fréderic Giuli, l’un des fondateurs de la Fresque du climat et animateur de l’atelier ludique et collaboratif, s’adresse à une quinzaine de managers du groupe Nexity en ce vendredi 15 octobre 2021, à Paris. « Nous allons être très déprimés », commence l’une. « Au contraire, nous serons remotivés ?! », avance sa collègue. Les paris sont ouverts sur l’état moral final. L’animateur reprend : « Qu’est-ce que le Giec ? Que signifie cet acronyme ? » Dans la salle, certains tentent un « Groupement d’intervention…. » sans succès. L’animateur pallie rapidement la méconnaissance du sujet : « Le Giec est le Groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, soit IPCC en anglais. Est-il légitime ? ».
Si les questions fusent, les réponses sont plus hésitantes. Là aussi, il fait œuvre de pédagogie et détaille : « Le Giec a été créé en 1988 parce que les dirigeants du monde entier recevaient des messages contradictoires sur le climat. Ces messages provenaient d’experts divers : glaciologues, astrophysiciens, chimistes, mais aussi spécialistes des océans ou de la mécanique des atmosphères… C’est pour disposer d’informations fiables et claires sur le sujet qu’ils ont demandé à l’Organisation des nations unies (ONU) et à l’Organisation météorologique mondiale (OMM) de créer cette instance. Et depuis leur premier rapport en 1990, les scientifiques qui travaillent bénévolement pour le Giec passent en revue les travaux de leurs confrères basés aux quatre coins du monde, analysent les publications parues dans des revues à comité de lecture et remettent d’épais rapports aux dirigeants du Globe sur l’état des connaissances et leur niveau de certitude sur l’évolution du climat. »
350 managers réaliseront une Fresque du climat
Une fois les bases de l’atelier posées, les participants forment des groupes autour de trois grandes tables et vont pouvoir acquérir les bases du fonctionnement du climat à partir des données du 5e rapport du Giec publié en 2014. « Nous sommes en train de former nos managers aux enjeux du changement climatique », explique Marjolaine Grisard, directrice de la RSE chez Nexity. « Après les membres du Comité exécutif qui ont réalisé une Fresque du climat cet été, c’est au tour des 350 principaux managers d’être sensibilisés à ces enjeux, poursuit-elle. L’ambition est de transformer cette demi-journée en expérience marquante qui se traduise ensuite par des actions concrètes dans leur vie professionnelle. » A plus long terme, les quelques 8000 collaborateurs du groupe seront formés.
Chaque opération de promotion fait l’objet d’un bilan carbone
L’enjeu est bien de mieux appréhender le changement climatique pour « ne plus faire comme avant », insiste Marjolaine Grisard. L’atelier de la Fresque du climat s’inscrit donc dans un contexte plus large. Nexity réalise chaque année son bilan carbone et communique les résultats dans ses publications annuelles. Côté méthodologie, chaque poste est estimé et, pour la promotion, chaque opération fait l’objet d’un bilan carbone prenant en compte sa spécificité et non avec un ratio par m2.
L’immobilier résidentiel représente 91 % de l’empreinte carbone du groupe
Ainsi, en 2020, Nexity a émis 919 421 t eq. CO2 pour l’immobilier résidentiel, soit 91 % de son empreinte carbone. Par ailleurs, 71 108 t eq. CO2 ont été émises pour l’immobilier d’entreprise, soit 7 % de l’empreinte carbone du groupe. Enfin, les sites administratifs ont émis 23 344 t eq. CO2, soit 2 % de l’empreinte totale.
L’objectif désormais est de réduire les émissions liées à la consommation d’énergies fossiles directes (scope 1, soit les émissions qui ont lieu directement au niveau de l’entreprise) et indirectes (scope 2, soit les émissions indirectes liées à l’énergie) de 28 % d’ici à 2030 par rapport à 2019 (année de référence). Pour le scope 3 (toutes les autres émissions), Nexity veut réduire de 22 % par m² ses émissions liées aux matériaux de construction et à la consommation énergétique des bâtiments livrés d’ici à 2030 par rapport à 2019.
Identifier les produits à moindre impact pour le climat
Côté mise en œuvre opérationnelle de ces objectifs, Nexity mise sur la conception bas carbone depuis la mi-2020, avec analyse détaillée des éléments constructifs (structure, façade, second œuvre, VRD, approvisionnements…) afin d’identifier les produits et solutions les moins impactants pour le climat.
Actuellement, la comparaison des émissions entre 2019 et 2020 fait apparaître des premiers résultats encourageants puisque Nexity est parvenu à réduire de 22 % ses émissions de CO2 sur ses opérations de promotion résidentielles et tertiaire, soit le scope 3, qui est en général le plus difficile à réduire. Par ailleurs, les émissions directes et indirectes ont diminué de 28 %.
Colère, culpabilité et peur pour l'avenir
Du côté des participants à la Fresque du climat, l’ambiance est plus sombre après trois heures d’échanges et de discussion. Colère, culpabilité, peur pour l’avenir et pour celui de ses enfants…, « les participants ont partagé des émotions très fortes », note l’animateur. Parmi les raisons d’espérer, il leur indique alors que si chacun réduit de 5 % par an son empreinte carbone, il sera possible de maintenir la hausse mondiale des températures en deçà de 2 °C. La prochaine étape va consister, pour certains, à réaliser un bilan carbone individuel ou à l’échelle de leur équipe, grâce aux outils disponibles en ligne. Sont-ils réellement remotivés ? Il est trop tôt pour l’affirmer.