« Pour les jeunes entrepreneurs, l’écoconditionnalité est une chance »

À l’occasion de Batimat, le responsable du réseau BTP de KPMG pour la région Nord dresse un panorama de l’entreprenariat dans le BTP. Malgré la crise et les freins au financement, les jeunes dirigeants des TPE multiplient les innovations et gèrent avec rigueur leur activité.

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François Vandermeersch, Directeur de Bureau Lille Métropole et Responsable BTP de KPMG pour la Région Nord

F.V. : Nous assistons à l’arrivée de jeunes dirigeants très imprégnés par les nouveaux matériels et matériaux, surtout en plomberie, en menuiserie, en aménagement et en finitions. Non seulement ils consacrent du temps à l’innovation, mais ils sont plus rapides que les autres dans l’élaboration des devis, notamment grâce à l’usage de tablettes tactiles. Ils trouvent aussi dans les nouvelles règlementations techniques des opportunités de marché. Même si le secteur Bâtiment a beaucoup souffert, les jeunes entrepreneurs ont compris que les particuliers disposaient d’une forte épargne et qu’il était possible de proposer des solutions en matière d’économies d ‘énergie. Pour eux, l’écoconditionnalité est une chance.

F.V. : Il importe de consacrer beaucoup de temps à la formation. Il est essentiel d’en consacrer encore plus à la maîtrise de la rentabilité de ses chantiers. Les jeunes dirigeants bien formés affichent ainsi de beaux résultats car ils se battent pour le maintien de leur marge sur déboursés et non pas uniquement pour le seul chiffre d’affaires. Ils savent détailler les prix, décomposer leur chiffre d’affaires, afficher un taux horaire, bref, proposer plus de transparence. C’est d’autant plus vrai que les représentants de cette génération veulent consacrer du temps à leur famille et ils cherchent à rationnaliser leur activité.

F.V. : Si les créateurs potentiels sont présents, c’est l’accès au crédit qui leur est plus difficile. Certains ont de l’or dans les mains, mais on exige d’eux une garantie personnelle pour emprunter 15 000 € ! Par ailleurs, nous disposons en France d’un vaste réseau d’accompagnement des entreprises, mais celui-ci est souvent trop généraliste et peu adapté à la réussite d’une création d’entreprise dans le BTP. A l’exception de quelques réseaux, comme l’ESJDB ou l’ICRE BTP, ce qui est proposé s’apparente à un « copié–collé » du même modèle de business plan. Le risque inhérent aux créateurs bénéficiant d’aides financières est de démarrer leur activité avec des taux horaires faibles. Cela pénalise le marché et ils prennent le risque de se saborder à moyen terme.

F.V. : Il existe encore de nombreux freins à la reprise. Des entreprises sont rachetées par des personnes qui ne sont pas issues du secteur et qui n’en maîtrisent pas les mécanismes. Trop de sessions sont calculées sur la base du carnet de commande sans que la marge ne soit étudiée en détail. C’est d’autant plus dommage que certaines entreprises ont un vrai savoir-faire avec un personnel qualifié. Face à la prise de risque que doivent prendre les cédants en termes de responsabilité sur leur gestion, certains préfèrent aussi cesser leur activité. C’est regrettable. Qu’il s’agisse de création ou de reprise, je reste cependant confiant car la mobilisation des acteurs du secteur commence à porter ses fruits et la demande de travaux de rénovations progresse. Tandis que les nouveaux entrepreneurs sont mieux formés, le climat redevient porteur. C’est encourageant.

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