Pour la qualité de l’enveloppe, un plaidoyer pro-commissioning

Le groupe de travail du pôle Fibres-Energivie sur la qualité de l’enveloppe du bâtiment a identifié cette méthode anglo-saxonne de vérification/validation de l’écart entre objectifs de performance et réalité comme formant un outil pertinent de réduction de la non-qualité.

Réservé aux abonnés
Image d'illustration de l'article
Avantages du commissioning

Constitué il y a deux ans autour d’industriels, de bureaux d’études et d’un assureur(1), le groupe de travail « qualité de l’enveloppe » du pôle du bâtiment durable Fibres-Energivie poursuit la production de documents sur cette thématique.

Après avoir publié un livre blanc puis s’être penché plus précisément sur le rapport de la qualité de l’enveloppe à la RE 2020 et son impact sur la santé des occupants, il a investi le sujet de la non-qualité et vient d’en tirer les conclusions.

Rappelant que le coût de la sinistralité des non-qualités a grimpé en France à 782 millions d’euros en 2018 (en hausse de 6 % en neuf ans selon l’Agence Qualité Construction), constatant les « décalages importants observés entre les performances énergétiques attendues et celles obtenues en phase d’exploitation », il plaide les vertus du commissioning. Cette méthode anglo-saxonne, fréquente aux Etats-Unis et moins répandue en Europe, consiste, dans son principe, à accompagner la construction d’un bâtiment de la conception jusqu’à la mise en service et au-delà afin de garantir la qualité à son propriétaire, s’assurer que le rendement du bâtiment répond bien à ses attentes dans le fonctionnement, s’agissant des consommations d’énergie, d’eau, mais aussi de la qualité de l’air ou du confort d’utilisation, plus généralement.

Image d'illustration de l'article
Edward Woods, directeur du pôle technique immobilier d’entreprise de Bouygues Immobilier Edward Woods, directeur du pôle technique immobilier d’entreprise de Bouygues Immobilier

« Le commissioning s’impose dans le cadre de la démarche de qualité du projet, il doit être interprété comme la mise en œuvre d’un outil de management de la qualité totale », estime Edward Woods, directeur du pôle technique immobilier d’entreprise de Bouygues Immobilier, cité par les conclusions du groupe de travail du pôle Fibres-Energivie. © Pôle Fibres-Energivie

Des freins

Une analyse externe récurrente sur les installations (chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, etc.) vise à détecter au plus vite les risques de non-atteinte de la qualité. A ne pas confondre avec le commissionnement qui désigne une mission d’aide à la mise en service des équipements, le commissioning vise, en somme, à « garantir la conformité des performances avec les documents contractuels », souligne le groupe de travail. « C’est un outil de management complet de la qualité totale, couvrant toute la durée d’un projet, dont le but est d’éviter un trop grand décalage entre les objectifs fixés en amont, les moyens mobilisables et les résultats obtenus », poursuit-il.

« Nous avons cependant identifié un certain nombre de freins à son déploiement », tempère Quentin Barbe, chef du projet au sein du pôle Fibres-Energivie. Le groupe de travail en recense quatre principaux : au stade de la programmation, les imprécisions du cahier des charges sur le niveau de performance attendu en phase d’exploitation ; une focalisation des maîtres d’ouvrage sur les obligations de moyens et pas assez sur les obligations de résultat ; l’insuffisance des analyses de coût de la non-qualité qui engendre souvent un sous-dimensionnement des moyens techniques et financiers pour respecter les objectifs de performance ; et la véritable facture du commissioning. « Son coût direct est évalué de façon fort précise, mais tel n’est pas le cas pour le calcul de son retour sur investissement », expose Quentin Barbe. Le premier oscille entre 0,6 % et 1 % du montant total d’une opération alors que le second fait l’objet d’une fourchette plus grossière, « entre zéro et dix ans », rapportent les rédacteurs.

« Les gains indirects sont à prendre en compte. Ils restent difficiles à évaluer, mais semblent conséquents », poursuit Quentin Barbe.

Le groupe de travail met en avant cette conclusion d’une étude américaine remontant à 2004 : pour des gains en économie d’énergie mesurés entre 0,21 et 2,05 dollars par mètre carré, le laboratoire Lawrence Berkeley National Laboratory a estimé que les gains indirects (économies en travaux curatifs ou modificatifs, frais de maintenance, etc.) pouvaient grimper à près de 75 dollars/m2.

Fiabiliser le rapport qualité-prix de cette méthode apparaît dès lors comme nécessaire. Outre le commissioning, le groupe de travail met en exergue les atouts du numérique et de l’automatisation des vérifications pour faire progresser la qualité de l’enveloppe.

(1)Outre le pôle Fibres-Energivie basé dans le Grand Est, le groupe comprend le Pôle Aléarisque, Draber-Neff (courtier en assurances), Manaslu.ing (cabinet d’ingénierie énergétique), les bureaux d’études Medieco et Pouget Consultants, le Groupement du mur-manteau, Schöck France et le Syndicat national des bardages et vêtures isolées (SNBVI).

Abonnés
Baromètre de la construction
Retrouvez au même endroit tous les chiffres pour appréhender le marché de la construction d’aujourd'hui
Je découvreOpens in new window
Newsletter Week-End
Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.
Les services Le Moniteur
La solution en ligne pour bien construire !
L'expertise juridique des Éditions du Moniteur
Trouvez des fournisseurs du BTP !