C'est entre les montagnes du parc naturel régional du Vercor et le massif de Chartreuse (Isère) que se situent les deux sites de l'entreprise PortalP, récemment modernisés. Là, des grues s'activent encore à quelques dizaines de mètres : « Nous construisons un nouveau site qui hébergera notamment la production et les essais des portes palières de quai », explique Jean-Marc Guelton, directeur du site industriel. L'entreprise française, fondée en 1961, est une référence dans le secteur de la porte automatique et a capitalisé sur son savoir-faire pour faire son entrée sur le marché des portes et façades des quais de métro.
Un sésame venu de Vienne
Pour l'entreprise grenobloise, se lancer sur ce nouveau marché se révèle tout de même un pari risqué, néanmoins solidement porté par Maxime Duponchel, arrivé dans l'entreprise en 2016 et qui occupe la direction actuellement avec son père Daniel Duponchel. Ce processus est passé par des réponses à des appels d'offres infructueux, comme ceux du métro marseillais et du prolongement de la ligne 4 à Paris. Des initiatives souvent risquées : « Pour l'appel d'offre du métro de Marseille, trois personnes ont travaillé dessus pendant un an pour monter un dossier. »
Finalement, le sésame est venu en 2018 du projet de la ligne U5 du métro de Vienne, la capitale autrichienne, dont la livraison est prévue en 2023. Un contrat de 28 millions d'euros (18 millions pour la fourniture et l'installation, et 10 millions pour la maintenance sur 25 ans), qui implique de nombreux investissements pour l'entreprise : « Nous avons une usine sur place pour monter les portes, où nous sommes en train d'installer les chaînes de montage », précise Eric Ménétrier, en charge du développement industriel du groupe.
Ce projet nécessite aussi de l'entreprise une forte capacité d'adaptation :
« Nous allons fabriquer 240 vantaux identiques sur une cadence de 2 ans de production », explique Eric Ménétrier. Ainsi, ce sont toutes les usines de PortalP qui ont dû changer leur manière de fonctionner : « Nous avons tout revu : notre façon de produire et de former. La porte palière de quai représente 30 % des heures productives par an, ce qui permet de mieux amortir nos frais fixes, comme les bâtiments », explique Eric Ménétrier.
Des investissements pour plus de projets
Cette croissance peut impressionner, tant elle s'est faite en peu de temps : un nouveau transstocker automatique, de nouveaux ateliers de production avec des procédés facilités pour les opérateurs, tout en ajoutant les ateliers de fabrication pour les portes palières de quai destinées au métro de Vienne qui ont été spécialement conçus. « Les demandes sont très spécifiques. Nous ne savons pas encore ce que nous allons fabriquer demain », précise le directeur du site industriel Jean-Marc Guelton. Par exemple, les décideurs viennois ont fait la demande de vitres collées, un procédé différent des portes avec parcloses. 545 000 euros ont été investis pour monter ces ateliers de production des portes palières de Vienne.
Si ces projets réclament du temps et des investissements, ils sont aussi de beaux bénéfices pour le secteur de la production de portes automatiques de PortalP : « Ce nouveau segment de la porte palière de quai peut nous aider à nous améliorer sur le suivi des lots de matière par exemple », remarque Jean-Marc Guelton. Et le transstocker tout comme la nouvelle usine permettront aussi de faciliter les différentes productions de l'entreprise.
Ce pari semble tout à fait gagnant pour l'entreprise grenobloise, qui a remporté les appels d'offres du prolongement de la ligne 14, mais aussi ceux des futures lignes 16 et 17 du Grand Paris, dont la mise en service est calée pour 2026. 288 portes palières pour ces deux dernières, et 384 pour les huit stations vont constituer l'extension de la ligne 14.
