POLLUTION Le radon dans les bâtiments

Qu'est-ce que le radon ?

Le radon est un gaz radioactif, inodore et incolore, d'origine naturelle. Il provient surtout de la désintégration de l'uranium et, dans une moindre mesure, de celle du thorium, présents dans la croûte terrestre. Cette désintégration donne naissance à des éléments radioactifs, puis à du plomb. Le radon fait partie des gaz rares comme le néon, le krypton et le xénon.

Quels sont les effets du radon sur la santé humaine ?

Le radon est un cancérogène de classe 1 d'après l'Organisation mondiale de la santé. L'exposition au radon augmente le risque de cancer des poumons chez les mineurs d'uranium. Dans l'habitat ou les bâtiments publics, il est suspecté d'être un des facteurs de ce type de cancer ; le tabagisme restant de très loin la cause principale.

Où trouve-t-on le radon ?

Le radon est présent partout à la surface de la planète, et provient surtout des sous-sols granitiques et volcaniques ainsi que de certains matériaux de construction. L'IPSN (Institut pour la protection et la sûreté nucléaire) réalise depuis plusieurs années des campagnes de mesures du radon. La moyenne dans l'air des habitations en France est de 66 Bq/m3 (1 becquerel [Bq] = 1 transition nucléaire spontanée par seconde), mais neuf départements présentent une moyenne supérieure à 150 Bq/m3 (Corrèze, Creuse, Finistère, Loire, Haute-Loire, Lozère, Cantal, Haute-Vienne et Hautes-Alpes). Certains matériaux de construction émettent également du radon. C'est le cas du granite et de certains tufs, mais aussi du phosphogypse ainsi que de certains schistes alumifères employés pour les bétons légers et utilisés longtemps dans la construction.

Quelles sont les teneurs à l'intérieur des bâtiments ?

Le radon se dilue rapidement dans l'air, mais il peut se concentrer dans les endroits clos comme les habitations ou les vides sanitaires.

Le radon en provenance du sous-sol s'insinue soit par diffusion, sous l'effet d'un gradient de concentration ; soit par convection, sous l'effet de différences de température ou de pression entre l'extérieur et l'intérieur. Le radon pénètre ainsi dans la maison par les fissures de la base de construction, par les canalisations ou les planchers des vides sanitaires. D'après l'IPSN, environ 7 % des maisons françaises dépasseraient les 200 Bq/m3.

Quelles sont les données réglementaires ?

La Communauté européenne recommande depuis 1990 de ne pas dépasser les 400 Bq/m3 dans les bâtiments anciens, et les 200 Bq/m3 pour les habitations neuves en valeur annuelle moyenne. Chaque pays fixe ses propres valeurs (250 Bq/m3 en Allemagne, 140 Bq/m3 en Suède). En France, le Conseil supérieur d'hygiène recommande, dans son avis du 12 février 1998, un seuil d'alerte de 1 000 Bq/m3 pour les établissements recevant du public. Le secrétariat d'Etat au Logement a, pour sa part, entériné ce seuil d'alerte mais a retenu comme objectif de précaution la valeur de 400 Bq/m3 pour les bâtiments neufs. Des mesures systématiques sont en cours pour les bâtiments ERP des départements à risque.

Comment réduire la concentration de radon dans les bâtiments ?

Avant tout chantier : étancher les dalles, les fissures, les micro-fissures et le pourtour des passages de canalisations qui constituent des voies de transfert du gaz radon. Ce travail doit faire l'objet d'une vérification régulière, environ tous les trois ans.

Les interventions plus conséquentes peuvent être réalisé sur l'habitation elle-même ou sur l'interface entre le sol et la construction.

Traitement de la cellule habitée. La ventilation des locaux est une solution. Mais, on rencontre parfois des concentrations importantes dans des volumes où l'air est régulièrement renouvelé par une ventilation mécanique contrôlée. Il est possible de porter ce renouvellement de 0,5 volume par heure à 1 vol/h. Mais augmenter le débit au-delà entraînerait alors un gaspillage d'énergie. En outre, les VMC fonctionnent par mise en dépression du bâti : une augmentation du volume d'air traité favoriserait la pénétration de radon.

En revanche, la mise en place d'une insufflation avec extraction naturelle, ou encore d'une ventilation double flux « déséquilibré », privilégiant un apport d'air extérieur, sont des solutions plus pertinentes. Dans ce cas, les locaux sont placés en surpression, notamment au niveau du sol, pour empêcher toute pénétration du gaz. Ces techniques sont sensibles aux défauts d'étanchéité et à l'ouverture d'une fenêtre.

Traitement de l'interface sol-construction. La zone située entre le sol et le bâti constitue le second espace où il est possible de faire barrière au radon. La technique consiste à mettre cette zone en dépression et drainer le radon à l'extérieur. Dans le cas d'une dalle posée sur un sol recouvert de gravier, on pose un tube perforé connecté sur une aspiration. Il n'est pas nécessaire que le débit soit important, mais la dépression doit l'être. En présence d'un vide sanitaire, il est préférable d'opter, comme pour la cellule habitable, pour un traitement par insufflation et extraction naturelle.

A RETENIR

Quoi ? Le radon est un gaz radioactif suspecté d'augmenter le risque de cancer des poumons.

Comment ? En fonction de la nature des sous-sols, il peut s'accumuler dans les bâtiments.

Combien ? Il existe un seuil d'alerte fixé à 1 000 Bq/m3 pour les établissements recevant du public. Et un objectif de précaution de 400 Bq/m3. Il n'y a pas d'obligation de mesures dans les habitations individuelles.

EN SAVOIR PLUS...

Textes de référence

Le Radon de l'environnement à l'homme, EDP Sciences, juin 98, IPSN, tél. : 01.69.18.75.75.

Avis du Conseil supérieur de l'hygiène concernant le radon dans les habitations et les établissements recevant du public (12 février 1998).

Contacts

Institut pour la protection et la sûreté nucléaire (IPSN), tél. : 01.46.54.80.07.

Pour vous procurer la liste des sociétés qui commercialisent des dosimètres radon (entre 150 et 200 francs), contactez l'IPSN ou la Direction des affaires sanitaires et sociales de votre département.

Algade, filiale de la Cogéma, spécialiste des rayonnements et notamment du radon, RN20, BP46, 87250 Bessines-sur-Gartempe, contact : M. H. Delille, courrier électronique : infos@ALGADE.com, téléphone : 05.55.60.50.00, fax : 05.55.60.50.59.

Au CSTB à Champs-sur-Marne, Bernard Collignan, tél. : 01.64.68.85.97.

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