Pénibilité au travail : la négociation fait du surplace

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Entamée depuis 3 ans, la négociation sur la prise en compte de la pénibilité au travail, qui devait théoriquement aboutir le 25 mars, est mal en point. La proposition de François-Xavier Clédat, chef de file du Medef de faire un "état des lieux" des salariés concernés déclenche le mécontentement des syndicats qui estiment être "revenus à la case départ".

"C'est une machine à remonter le temps", assène Jean-Christophe Le Duigou (CGT) mardi 4 mars au soir, à la sortie de ce qui devait être l'avant-dernière séance de pourparlers sur la pénibilité au travail. "Nous avons le sentiment de remettre sans cesse l'ouvrage sur le métier, soupire de son côté Jean Louis Malys (CFDT). Mais le seul point positif, c'est qu'il n'y a rien d'interrompu".

La négociation devait en principe s'achever le 25 mars prochain, avant le rendez-vous 2008 sur les retraites, prévu début avril. Mais devant l'ampleur de la tâche à accomplir d'ici-là, les partenaires sociaux s'accordent une date supplémentaire : le 21 avril. Mardi dernier, François-Xavier Clédat, chef de file du Medef, a en effet proposé de faire évaluer par l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS) le nombre de personnes concernées et leur répartition par branche professionnelle. Pour le reste, M. Clédat souhaite "relancer la négociation de façon concrète et pragmatique", avec "une méthode de travail".

Objectif pour la réunion du 25 mars prochain : peaufiner, affiner les critères de pénibilité (port de charges lourdes, postures pénibles, travail répétitif, produits toxiques, température extrême, bruit, poussière ou fumée, travail de nuit, risques psycho-sociaux). "Par exemple, pour le port de charges lourdes : quel poids, pendant combien de temps etc…", détaille José Tebar (négociateur pour l'UPA). Il s'agira ensuite de définir les conditions d'éligibilité au dispositif (âge, nombre d'annuités, nombre de pénibilités subies) et d'évaluer les personnes concernées. Enfin, d'arrêter les contours des dispositifs à mettre en place et d'en chiffrer le coût.

Seule avancée pour les syndicats au sortir de la négociation du 4 mars : le principe du départ en retraite anticipé n'est plus rejeté en bloc par le patronat. Mais tout au plus accepte-t-il cette mesure pour les plus grosses situations de pénibilité. "Nous proposons un système individuel", expose José Tebar, de l'UPA. Une commission composée de médecins désignerait le dispositif applicable à chaque salarié : allègement de la charge de travail, départ anticipé pour les salariés les plus exposés à la pénibilité, ou mélange des deux. Mais pas question d'instaurer un système de départ anticipé automatique, jugé contraire à l'incitation à l'emploi des seniors. "Nous ne sommes pas tous égaux devant l'effort, ajoute M. Tebar. Nous ressortons plus ou mois usé selon notre gabarit". Un des axes de la négociation qui risque d'être "le point dur des prochaines rencontres", craint José Tebar. "Il faut reprendre le bâton de pèlerin, et prendre les sujets les uns après les autres", encourage M. Clédat. Une séance supplémentaire ne sera pas de trop pour faire le tour du programme fixé. Les négociateurs auront-ils le temps de trouver un modus vivendi d'ici le 21 avril ? Pas sûr. "Mais après trois ans de négociations, mieux vaut si nécessaire se fixer une date de plus. ", conclut M. Tebar.

Caroline Gitton

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