Vous attendiez vous à ce que la perspective d’une éventuelle suppression de la niche fiscale sur le gazole non routier (GNR), dont bénéficie le BTP, revienne si vite sur le devant de la scène ?
Les mauvaises idées ont toujours du mal à disparaître. Il s’agit clairement d’une épée de Damoclès au-dessus de la tête de nos entreprises. Le problème, qui se répète, c’est la brutalité avec laquelle cette éventualité réapparaît, et avec elle le poids des conséquences. Les véhicules et le matériel de chantier ont des temps d’amortissement très longs. S’il faut changer de carburant, il faut non seulement avoir le temps de se retourner, mais aussi que les professionnels puissent trouver des alternatives techniques au gasoil.
Or, je le répète, comme Bruno Cavagné (le président de la fédération nationale des travaux publics, FNTP, NDLR) avec qui nous sommes en ligne, ces alternatives n’existent pas aujourd’hui.
En suspendant la suppression de l’avantage fiscal sur le GNR, en décembre 2018, le gouvernement avait promis une concertation sur le sujet. A-t-elle eu lieu ?
Non, et il faut qu’elle ait lieu mais il faut aussi, vu le contexte, associer les industriels et fabricants d’engins de chantier, si l’on veut que les alternatives au GNR et, plus largement au diesel naissent. Pour le moment, nous n’entendons parler que d’écologie punitive. Les transitions réussies se font dans la concertation, qui démarre en amont, et se déroule sur une échelle de temps qui corresponde à la réalité.
Selon les engins de chantier, les périodes d’amortissement courent de 4 à 10 ans. Il faut donc trouver un mécanisme incitatif pour renouveler le parc. Mais je le répète, à l’heure actuelle, nous n’avons pas d’alternatives techniques.
"Il faut démontrer et rappeler le lien entre l’activité économique du logement et la création d’emplois"
Y-a-t-il globalement un manque de concertation avec ce gouvernement ?
Cela dépend des sujets. Sur le volet du logement social, de la réorganisation du secteur, de son financement… la discussion est réelle avec Julien Denormandie, le ministre de la Ville et du Logement. Nous espérons des objectifs clairs sur le sujet, mais nous sentons que la volonté est là. Sur tous les sujets qui ne concernent pas le logement social, en revanche, il n’y a actuellement aucune concertation. Nous sommes dans l’incertitude. Quid des aides au locatif, avec l’arrêt programmé du Pinel ? Nous souhaitons également rediscuter du recentrage du PTZ, qui fait souffrir notamment les zones rurales. Quant à la finannoncée du CITE et sa transformation en prime, nous n'avons aucune information.
Cette incertitude, il faut bien le comprendre, explique en partie le recul des dépôts de permis de construire. La période est pourtant favorable, avec des taux de crédit immobilier toujours au plus bas et des banques plutôt conciliantes. Le doute est aussi alimenté par les petites phrases que nous entendons dans le Grand débat. On laisse entendre que les professionnels de l’immobilier sont des rentiers, de nouvelles taxes sont évoquées…
Cela explique le thème de votre « Sommet de la construction », le 18 avril : « Immobilier : stop aux idées reçues ! » ?
L’objectif de ce sommet sera de faire preuve de pédagogie, de contrecarrer les idées reçues et aussi de démontrer et rappeler le lien entre l’activité économique du logement et la création d’emplois. Nous souhaitons couvrir tout le spectre des sujets. Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire ouvrira le Sommet, et nous parlera de la stratégie bas carbone du gouvernement. La journée sera conclue par Julien Denormandie.